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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/380

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extrémité à l’autre, et se groupent dans chaque système par faisceaux rayonnes, dont les affleuremens sur la plaque sont des droites divergentes, comme les branches d’un éventail à demi ouvert. Chaque rayon a son parallèle dans le faisceau voisin. Souvent une ou plusieurs fractures parallèles s’arrêtent lorsqu’elles recoupent leurs conjuguées et donnent ainsi de ces traits en échelons si fréquens dans la nature. Certaines cassures n’arrivent pas à la surface : elles restent intérieures et ne sont pas ouvertes. En outre, de fines fêlures, à peine visibles, constituent une sorte de clivage, et leur existence est révélée par la manière délicate dont elles affectent la transmission de la lumière ou la conductibilité de la chaleur.

Il se peut faire aussi que la simple pression donne naissance à des systèmes de fissures analogues. Que l’on comprime, par exemple, un prisme de mastic à mouler ou de cire mélangée de plâtre, il se brisera obliquement à la pression. La surface de rupture, inclinée à 45° environ, sera ondulée, et, par suite, le glissement relatif des deux parties donnera lieu à des étranglemens et des renflemens. Il n’est pas rare qu’il se forme une autre crevasse conjuguée, tandis que les faces du prisme se bombent par le reflux de la matière plastique et se couvrent.de gerçures rectilignes, parallèles et groupées en deux systèmes rectangulaires. Telle est encore la disposition des déchirures que provoque un ploiement quand la limite de la flexion sans rupture est dépassée.

Les déductions géologiques que l’on peut tirer de ces résultats se présentent d’elles-mêmes à l’esprit. Ce que nous avons dit des failles, des joints[1] et des filons suffirait à faire comprendre la ressemblance frappante qu’ils présentent avec les cassures obtenues dans la cire ou les glaces. Mais quelques exemples naturels feront mieux saisir la portée de ces rapprochemens. Pour les failles et les filons, dont les plans gauches ont une tendance si manifeste à être parallèles entre eux et obliques sur la verticale, leurs affleuremens peuvent se reconnaître sur le sol : reportés sur des cartes, telles que celle de la Côte-d’Or par M. Guillebot de Nerville, ou celle de la Haute-Marne par M. de Chancourtois, ils figurent, dans leur ensemble et même dans plusieurs de leurs particularités, un réseau semblable à celui des fissures artificielles. On en dirait autant des relevés faits dans les mines les mieux étudiées, en Saxe, en Cornouailles, au Derbyshire. Pour les joints, la similitude n’est pas moins visible.

  1. M. Daubrée propose pour les divisions nommées joints (et qui seraient plus justement appelées disjoints) l’expression de diaclases; les failles seraient alors des paraclases, mot qui rappelle le déplacement, et les deux genres de cassures se grouperaient sous le terme général de lithoclases.