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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/859

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par l’Autriche. Peut-être si l’administration de la basilique était restée dans les mains du ministre de grâce et de justice, cette intention aurait-elle été réalisée, d’autant plus qu’il y avait eu déjà commencement d’exécution, selon l’ancien système, sous le porche et l’angle sud de la façade principale. Mais il n’est pas moins vrai de dire que, lorsque le ministre de l’instruction publique a su quel danger menaçait la magnifique façade de ce monument et qu’il a compris que, s’il ne prenait pas personnellement en main la responsabilité, il obtiendrait difficilement la réalisation de son désir de voir la basilique restaurée selon les vrais principes, il s’empressa de demander que les fonds destinés au monument figurassent à son budget. Cela se faisait au commencement de l’année, le ministre autorisé ne perdit pas un instant, et, au mois de mai, il écrivit au préfet de Venise de demander à la commission des anciens monumens d’examiner ce qu’on avait fait, de déterminer clairement ce qu’on devait faire, et en étudiant la question de conservation et restauration, d’établir très exactement les règles d’exécution pour l’avenir... Plus tard, le ministre, pour éviter toute méprise, ordonna une inspection des travaux de la basilique et, comme le résultat a amené la constatation de nombreuses erreurs commises au cours des restaurations, de ordres catégoriques ont été donnés, ordres exécutés et qui ont encore force de loi, de ne plus permettre qu’aucuns travaux fussent entrepris par la fabrique, pas plus pour la restauration des mosaïques que pour aucune des parties décoratives de la basilique. »

Et le ministre, tout en protestant du respect des Italiens pour leurs monumens, revient à plusieurs reprises sur le peu de raison d’être des manifestations anglaises. Mais on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’il fait des aveux sans détour et qu’il appuie avec complaisance sur les erreurs commises, sans jamais indiquer par un seul mot ce dilemme qui plaçait l’architecte dans cette terrible nécessité : voir le monument dépérir, ou lui faire subir certaines modifications, au moins au point de vue du ton sinon de la forme. Et non-seulement le document justifie toutes les craintes manifestées, mais il les redouble.

Il n’y a donc plus à le dissimuler: il existait un projet de reprise totale de la façade principale, le ministre l’avoue : mais quand un gouvernement se défend vis-à-vis d’un gouvernement étranger ou plutôt d’une nation étrangère, — car l’agitation avait un caractère privé, — il a le droit et le devoir d’user de tous ses argumens; et, quant à nous, nous pensons que les Italiens n’ont pas usé de toutes leurs armes. Il fallait dire à l’ambassadeur d’Italie auprès de la cour de Saint-James que le projet n’avait ni la sanction