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HERAT ET L’ANGLETERRE

A SIR H. RAWLINSON.


Mon cher sir Henry,

Un khan afghan, le serdar Y..., que vous avez peut-être vu à Candahar et que j’ai beaucoup connu à Téhéran, m’a écrit une longue lettre où je trouve un passage qui vous concerne particulièrement. En parlant des affaires de Caboul, il dit : « Le général Roberts personnifie aux yeux des Afghans la vengeance implacable du conquérant. Le sang de nos martyrs nous séparera à jamais de lui. Rawlinson-Saheb serait l’homme qu’il nous faut. Il jouit dans tout l’Afghanistan d’une réputation légendaire. Il est ami des Afghans et il sait respecter l’Islam. La facilité avec laquelle cette fois encore les Anglais ont pu se maintenir à Candahar est due en grande partie aux souvenirs de justice et de sagesse que ce profond orientaliste a laissés parmi nous. Si l’on veut ramener les esprits et établir un ordre durable, qu’on nous envoie Rawlinson-Saheb. »

En voulant vous transmettre le sentiment de ce vieillard afghan, ma pensée s’est naturellement reportée vers les affaires de l’Afghanistan, et je me suis trouvé de nouveau en face de cette question d’Hérat qui a toujours été un des tourmens de mon esprit. Le seul nom d’Hérat résume aujourd’hui toutes les difficultés de la situation, et je vois avec plaisir qu’il n’y a pas un Anglais qui ne se juge complètement édifié sur cette question. Pour moi, je dois avouer franchement que, malgré toute ma bonne volonté, malgré toutes mes recherches, je