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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 39.djvu/330

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russe ; nous devons mettre sous les yeux du lecteur les extraits des relations contemporaines qui racontent chacune à leur façon le drame de Saint-Pierre-et-Saint-Paul.

Voici d’abord le récit du tsar lui-même dans la circulaire adressée à ce propos à ses représentans à l’étranger le 27 juin ; « Comme nous demeurions irrésolu entre nos sentimens de miséricorde paternelle et le devoir de sauvegarder l’avenir de notre empire, le Dieu tout-puissant s’est chargé dans sa justice de nous tirer de cette épreuve; il a mis fin hier aux jours de notre fils Alexis. Après la lecture du jugement qui énumérait ses crimes, ce fils coupable a été frappé d’un mal cruel, en tout semblable au début à une attaque d’apoplexie. Ayant ensuite repris connaissance et participé suivant la loi chrétienne aux sacremens, il nous a fait demander : nous nous sommes rendu près de lui avec tous nos ministres et sénateurs-, il a alors confessé franchement tous ses crimes envers nous avec des larmes de repentir et a sollicité notre pardon, que nous lui avons paternellement accordé ; après quoi il a fait une fin chrétienne ce même 26 juin, vers les six heures du soir. »

Nous avons deux versions officielles et identiques entre elles sur l’emploi des journées à Saint-Pierre-et-Saint-Paul du 26 au 30 juin. L’une est la note sans signature, conservée aux archives des affaires étrangères, qui décrit les funérailles du prince : sur le fait même de sa mort, il est dit seulement que « le 26 juin, à 7 heures après-midi, le tsarévitch Alexis Pétrovitch a trépassé à Saint-Pétersbourg. » — Les détails qui suivent ne diffèrent pas de ceux que nous allons emprunter au « livre de la garnison de Pétersbourg, » l’ordre de la place, comme nous dirions aujourd’hui, tenu jour par jour à la citadelle.

« Ce 26 juin. — A huit heures du matin ont commencé à se réunir à la place. Sa Majesté, le prince sérénissime (Menchikof), Chafirof, Boutourline, etc.. Il y a eu interrogatoire secret. Ils sont restés jusqu’à onze heures à la place, puis ils sont partis.

« Ce même jour, à six heures après-midi, le tsarévitch Alexis Pétrovitch a trépassé à la citadelle, dans la casemate du bastion Troubetzkoï, où on le gardait.

« Ce 27 juin. — Messe et Te Deum pour l’anniversaire de la bataille de Poltava, salves d’artillerie en présence de Sa Majesté... A neuf heures du soir, le corps du tsarévitch A. P. a été transporté du bastion Troubetzkoï à la maison du gouverneur; le prêtre de la cathédrale, Féodor Timothéef, l’a accompagné; quatre soldats de la garde portaient sur un brancard le cercueil revêtu de velours noir et couvert d’un poêle de brocart d’or; devant, des hommes tenant des cierges marchaient sur deux files.