seul motif qui porte les hommes à produire ce qui dépasse les besoins immédiats, et par conséquent le seul agent du progrès économique. Il ne repoussait pas les réformes sociales. Il cherchait, disait-il, un système qui assurerait l’union du capital et du travail et qui transformerait la propriété sans l’abolir ; mais il avait horreur du communisme. Il condamna avec indignation la commune de Paris, comme en 1848 il avait maudit les journées de juin. Les « anarchistes » le lui reprochèrent durement, et Bakounine se chargea de l’exécuter dans sa brochure intitulée : la Théologie politique de Mazzini et l’Internationale (1871, sans nom d’imprimeur ni de ville). Mazzini n’était pas économiste. Il attendait le salut des influences moralisatrices des institutions républicaines. Ses disciples ont hérité de sa haine contre l’Internationale. L’un des chefs les plus en vue du parti républicain, Alberto Mario, ne manque pas une occasion d’attaquer avec la plus grande violence les internationalistes, qu’il appelle des incendiaires et des assassins. Récemment, le cercle républicain d’Ossimo se défendait d’être socialiste : il se disait mazzinien. Le journal socialiste de Milan, la Plebe, conclut : E poi dite che i mazziniani non son divenuti codini. « Après cela, qu’on dise encore que les mazziniens ne sont pas des réactionnaires. » Garibaldi tenait moins à la république, mais inclinait plus vers le socialisme, sans se rattacher à aucun système particulier. Il regretta la chute de la commune. Dans une lettre publiée par la Gazettina rosa en 1873, il dit : « La défaite de la commune de Paris est un malheur pour l’humanité, car elle nous laisse le fardeau d’une armée permanente, dont se servira chaque parti qui voudra dominer… Je le dis avec orgueil : je suis internationaliste, et s’il se constituait une association de démons pour combattre les prêtres et le despotisme, je m’enrôlerais dans ses rangs. » Après la mort de Mazzini, mazziniens et garibaldiens s’unirent pour fonder une vaste association qui devait réunir tous les démocrates de la péninsule. Ils prirent le nom de I franchi cafoni. Leur journal était le Spartacus. Ce grand projet ne put se réaliser et les cafoni dérivèrent presque tous vers le socialisme.
C’est Bakounine qui a apporté l’Internationale en Italie. En 1865, il y constitua un groupe de socialistes très actifs, qui publièrent le journal Libertà e Giustizia. Ils créèrent la section napolitaine de l’Internationale, la première en Italie. En 1867, des sections s’établirent à Gênes et à Milan. Les « fils du travail, » de Catane, s’affilièrent en 1868. En 1869, une section centrale fut fondée à Naples ; elle adressa un appel aux autres sections pour constituer une fédération nationale ; mais la police entama des poursuites. En 1870 et 1871, de nombreuses sections s’établirent dans les Romagnes