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eaux du collecteur de Saint-Denis : cette conduite devait se développer dans la plaine de Colombes et traverser la Seine en siphon à la hauteur de l’île Marante. Elle passait ensuite sur les territoires de Bezons, Houilles, Sartrouville, franchissait encore une fois la Seine en siphon à l’extrémité du parc de Maisons et pénétrait dans la presqu’île de Saint-Germain, où elle arrivait à la cote 35. Il existe, entre la ligne des terres situées à cette cote et la rive de la Seine, une surface de 1,500 hectares de forêts dénudées et de terres presque stériles[1] que l’irrigation par les eaux d’égouts devait fertiliser[2]. »

De cette conduite centrale devaient se détacher, comme des embranchemens greffés sur la ligne principale, des conduites secondaires destinées à distribuer les eaux sur les territoires traversés. On espérait irriguer ainsi sur la presqu’île de Gennevilliers 1,500 hectares, sur Nanterre, Colombes et Rueil 1,250 hectares, sur Carrières, Bezons, Argenteuil, Sartrouville et Houilles 1,400 hectares, sur Achères 700 hectares. Bref, au total, avec les 1,500 hectares de la forêt de Saint-Germain, la surface irrigable était évaluée par les ingénieurs à 6,300 hectares. — À cette époque d’ailleurs, ils estimaient qu’il n’en fallait pas moins pour absorber la totalité des eaux vannes de Paris.

Les 1,500 hectares de la forêt de Saint-Germain devaient jouer dans l’opération un rôle particulier et capital. Cultivés ou pour mieux dire exploités par l’administration de la ville, ils devaient absorber les excédens d’eau que laisserait sans emploi, dans des proportions sans cesse variables, la culture des contrées traversées. Certes on comptait bien que ces reliquats seraient peu considérables. Les cultivateurs ne pouvaient manquer de se disputer les élémens de fortune qu’on leur apportait sous forme liquide ; et les auteurs des projets insistaient, non sans juste raison, sur l’immense intérêt qu’offrait pour la richesse publique l’utilisation agricole des eaux d’égouts. Mais enfin l’empressement pouvait être moins vif qu’on n’aimait à le croire. Puis les cultivateurs, — il fallait bien le prévoir, — soucieux avant tout de la bonne préparation de leurs terres et du succès de leurs récoltes, s’abstiendraient sans doute de toute prise d’eau, à certains jours, à certains mois, en certaines saisons même. Les 1,500 hectares de la forêt de Saint-Germain devaient parer à ces éventualités. Ils formeraient comme un immense trop-plein où irait s’engloutir, suivant les cas, tout ou

  1. Les tirés de la forêt de Saint-Germain, et les deux fermes domaniales de la Garenne et de Fromainville.
  2. Note du directeur des travaux de Paris, déjà citée, page 125.