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les machines, calculée d’après les comptes d’exploitation de l’usine de Clichy, à raison de 0 fr. 01 par mètre cube, soit pour 100 millions de mètres cubes, 1 million de francs : dépenses diverses, comprenant l’entretien de la canalisation, des rigoles, du drainage, les frais généraux, etc., et calculées également d’après les comptes de Gennevilliers, 670,000 fr. — Total général : 2,120,000 fr. de frais annuels.

Voilà donc la balance des deux systèmes au point de vue exclusivement financier : d’un côté, 2,120,000 fr. de dépenses chaque année, sans compensation possible ; de l’autre, 1,345,000 francs de frais, certainement bientôt couverts, et très probablement, au bout d’un certain temps, convertis en une recette égale. De tels chiffres n’ont-ils pas aussi leur éloquence ?

Nous le répétons : dans tout ce que nous avançons, il n’y a ni hypothèses, ni théories : il n’y a que des faits, des faits que chacun peut vérifier, à quelques lieues de Paris. Le système appliqué à Essonnes a fait, si l’on peut s’exprimer ainsi, ses preuves plus que complètes, puisqu’il a traversé victorieusement, et sans cesser de fonctionner avec une efficacité entière, les deux années qui viennent de s’écouler et qui nous ont accablés de tant de pluies, de glaces et de neiges. Si l’on prétend nous objecter que les eaux ainsi traitées sont clarifiées, mais non pas totalement purifiées, qu’une partie des matières en dissolution résiste aux agens chimiques, et que, par suite, une partie des principes fertilisans sera encore sacrifiée, nous répondrons simplement que les eaux, après la clarification, sont absolument limpides et assez épurées pour que les poissons y vivent à merveille, tandis qu’ils meurent tous aujourd’hui dans la Seine ; qu’en tous cas, ces eaux, si on ne les veut point envoyer directement au fleuve, se filtreront et se perdront aisément dans le sol sans qu’on ait à redouter ni feutrage, ni stagnation, ni exhalaisons malsaines, puisqu’elles seront débarrassées des matières qui les épaississent, et assainies par le mélange de la chaux ; qu’enfin, pour les engrais, le système que nous proposons en sauve et en utilise la plus grande partie, tandis que l’épuration les condamne fatalement à un perte totale.

Il en est temps encore. Les projets actuels n’ont pas reçu jusqu’ici de consécration irrévocable. Ils ont été, il est vrai, l’objet d’un vote favorable du conseil municipal de Paris ; mais ce n’est en quelque sorte qu’un vote de première lecture, un vote sur lequel cette assemblée elle-même, mieux éclairée, peut aisément et honorablement revenir. Le vote en tous cas ne peut avoir d’effet matériel que si le parlement, par une loi spéciale, accorde à la ville le droit d’expropriation et consent à aliéner pour les lui vendre