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sorte de négociations infructueuses, dans une démonstration navale sur les côtes albanaises, devant Dulcigno, la ville dont on demande la cession à la Porte au profit du Monténégro. Les escadres sont arrivées, non pas précisément encore devant Dulcigno, mais dans les eaux voisines. Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’on s’étonne que la Porte proteste contre la violence qu’on veut lui faire en employant la force pour la démembrer. Ce qu’il y a de plus curieux encore, c’est qu’on semble n’avoir pas prévu qu’il pourrait y avoir quelque résistance de la part des Albanais, des habitans de Dulcigno, Or, c’est précisément ce qui arrive. La Porte proteste, allant jusqu’à menacer de se défendre si elle est attaquée ; les Albanais se disposent à résister les armes à la main. La démonstration est pour le moment arrêtée. Infligera-t-on un bombardement barbare et inutile à la petite ville de Dulcigno parce qu’elle ne veut pas se donner au Monténégro ? Si les Albanais résistent, descendra-t-on en armes sur le territoire ottoman ? Ne cédera-t-on pas au contraire à un mouvement tardif de sagesse en reconnaissant que le plus sûr moyen de maintenir la paix de l’Orient n’est pas d’allumer la guerre, et que les plus courtes équipées sont les meilleures ? Voilà toute la question. Elle est déjà résolue, il faut le croire, pour la France, moins que jamais disposée à se jeter dans des complications où il s’agit du démembrement d’un pays indépendant.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.

Histoire générale des choses de. la Nouvelle-Espagne, par le R. P. Fray Bernardino de Sagahun, traduite et annotée par le Pr Jourdanot et Rémi Siméon ; Paris 1880, G. Masson.


Il est probable que, même parmi les érudits, le nom de Bernardino de Sahagun est peu connu. C’était un brave moine espagnol, franciscain, qui vint au Mexique en 1529, huit ans après la paix de Mexico. Les moines espagnols ont joué un rôle important dans la colonisation du Mexique. Bernardino de Sahagun fut un de ces conquérans pacifiques. « Il apprit en peu de temps la langue mexicaine, dit de lui un autre moine franciscain son compatriote, tellement que personne autre jusqu’à ce jour n’a pénétré aussi bien que lui tous ses secrets et ne l’a employée autant dans ses écrits. Pendant les soixante et un ans que ce