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FLORENCE

LE MOUVEMENT DE LA RENAISSANCE, SES ORIGINES[1]


I

Pourquoi Florence, entre toutes les villes de l’Italie, eut-elle le privilège de rendre l’Europe au culte de la pensée, de lui inspirer le goût du beau, de donner le signal du mouvement dans toutes les branches des connaissances humaines, et de conserver si longtemps la suprématie sur toutes les villes de la Péninsule ? En un mot, quelles sont les origines et les causes de la Renaissance ?

Les hommes ne peuvent pas toujours exactement analyser des mouvemens aussi prodigieux et aussi complexes ; s’il y a quelque chose de logique et de naturel dans ce développement extraordinaire, il y a chez les peuples où il s’accomplit des dons heureux qui le secondent comme il y a dans le sol une certaine fertilité qui contribue à l’excellence de la moisson. Tout n’est pas le résultat de l’étude, de l’application et de l’économie ; il y a de l’intuition, du bonheur, quelque chose d’heureux qu’on n’analyse point. La douceur du ciel, le charme de l’atmosphère, cette grâce native dont chaque chose est empreinte, je ne sais quoi d’élégant et de sympathique, qui est le cachet indéniable des hommes et des choses de Florence, ne doit pas être étranger à une aussi admirable efflorescence dans la Toscane. Les causes efficientes sont multiples ; les unes sont directes, immédiates et permanentes ; les autres sont indirectes, lointaines et purement accidentelles.

  1. Les pages qui suivent sont extraites en partie d’un livre qui paraîtra cet hiver chez l’éditeur Rothschild et qui sera, sous le titre de Florence, un pendant au livre de M. Yriarte sur Venise.