perdue, la mère tendre et dévouée qui ne vit que pour son fils est à qui rien n’a coûté pour le sauver de la mort et de la captivité, est assurément la reine Hortense. Dans le prince Florestan qui, après deux tentatives malheureuses, réussit à s’emparer du trône auquel il se croit appelé par sa naissance et devient l’allié du peuple anglais, il est impossible de ne pas reconnaître Napoléon III, dont le caractère est pris sur le vif et dont les habitudes d’esprit et la manière d’être sont analysées et retracées avec autant de finesse que d’exactitude. Enfin, bien que lord Palmerston n’ait pas fait un mariage d’amour dans les dernières années de sa vie, qu’il ne se soit jamais laissé élever à la pairie, et qu’il n’ait pas été frappé de congestion cérébrale en rédigeant une dépêche, c’est lui qui, sous le nom de lord Roehampton, tient la plus grande place dans le roman. On ne saurait accuser lord Beaconsfield de malveillance et malignité à l’égard d’un ancien adversaire : il n’aurait pu mieux traiter son ami le plus cher. C’est sous les couleurs les plus favorables qu’il représente l’homme d’état éminent qu’il a si souvent combattu, et on ne peut dire qu’il mette aucune ombre au portrait qu’il en trace. Il s’y reprend à plusieurs reprises, avec complaisance et presque avec affection. il est visible que le temps a fait ici son œuvre habituelle d’apaisement, les ardeurs et les animosités d’autrefois s’éteignent en face d’une tombe, et la sérénité du jugement revient, ramenant avec elle la justice. Si lord Beaconsfield s’est interdit de mettre en scène, dans son nouveau livre, aucun homme politique vivant, il s’est cru plus libre vis-à-vis de ceux qui appartiennent déjà à l’histoire ; mais il n’a peint des morts illustres que pour leur adresser des éloges délicats, dignes d’eux et dignes d’un esprit tel que le sien.
Il ne faut chercher dans Endymion ni une théorie politique, ni une thèse philosophique ou religieuse. L’auteur n’a rien voulu démentir ; il ne s’est proposé de convaincre personne ; il ne prépare et ne suggère aucune conclusion. Ne vous attendez pas non plus à une œuvre de pure imagination, à un roman d’aventures : l’auteur laisse à Mrs Braddon les accumulations d’événemens, les péripéties soudaines, les coups de théâtre qui soutiennent ou réveillent l’attention. Vous n’y rencontrerez pas davantage la peinture d’une passion, ou, comme chez miss Bronte ou George Eliot, de fines analyses du cœur humain avec un dénoûment découlant du jeu naturel des caractères. Que trouverez-vous donc dans ce livre que toute