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reconnaissance du terrain jusqu’à ce pays et plus loin si c’était possible. La commission supérieure n’avait pas cru de voir envoyer elle-même une mission destinée à opérer dans des régions où une hostilité tantôt sourde, tantôt ouverte, n’a jamais cessé de régner contre les Français depuis à conquête ; elle avait pris ce détour de recourir à la société de géographie d’Oran. Il nous semble que la commission a une tendance à s’exagérer l’importance du caractère des personnes chargées d’expéditions dans le désert. Officier ou civil, délégué officiel du gouvernement ou voyageur privé, un Français n’est pour les populations sahariennes qu’un étranger qu’elles redoutent et dont elles se défient. S’il affecte de se présenter en simple particulier, elles se défient un peu plus de lui et elles le redoutent un peu moins. « C’est un espion, » ne cessait-on de répéter autour de Gérard Rohlfs. Peut-être le mieux serait-il de revêtir franchement tous nos voyageurs d’un caractère officiel ; ils ne trouveraient ni plus ni moins d’antipathies, et du moins ils seraient protégés par la crainte qu’inspire la France, dont la force est bien connue dans tout le désert.

Deux ingénieurs étaient placés sous les ordres de M. Pouyanne. L’un, M. Clavenad, a étudié une ligne de Tiaret à El-Maïa, suivant un tracé proposé par le général Colonieu ; il a reconnu qu’elle serait très facile à construire, mais elle ne saurait prétendre à devenir la tête du Transsaharien, car elle allonge le trajet sans utilité et ne mène directement à aucun des grands ports de l’Algérie. L’autre, M. Baills, a étudié deux lignes auxquelles il serait possible de souder le tracé occidental. La première va de Saïda à Mecheria : elle a le grave inconvénient de rencontrer des pentes assez raides aux environs immédiats de Saïda, où des inclinaisons de 0m,0l5 seraient nécessaires ; de plus, l’eau y est assez rare. La seconde va de Ras-el-Ma au même point, Mecheria ; les points d’eau y sont abondans et les pentes les plus fortes y ont moins de 0,m,010. En aucun autre point de l’Algérie, dit M. Pouyanne dans son rapport, il ne serait plus facile de franchir les montagnes. Une lacune de 32 kilomètres subsistait entre Ras-el-Ma et Magenta, point extrême du chemin de fer de Sidi-Bel-Abbès. Des études faites par la compagnie de l’Ouest algérien ont démontré qu’elle ne présentait pas plus de difficultés que le reste du parcours. Ainsi se trouve résolue la question de la traversée de l’Atlas dans la province d’Oran, traversée prématurément jugée impraticable par la deuxième sous-commission du Transsaharien, ce qui lui avait fait rejeter en bloc le tracé occidental. Il est reconnu aujourd’hui, au contraire, que les provinces algériennes offrent toutes les trois des passages faciles à travers la double chaîne de l’Atlas, ce ne sont donc point