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accueillies favorablement par les amis de M. Hayes ; et le lendemain du jour où la réunion des démocrates avait décidé d’accepter les décisions de la commission arbitrale, un ami intime de M. Hayes, le représentant du district électoral de l’Ohio, dans lequel M. Hayes réside et qu’il a représenté au congrès, prit la parole au sein de la chambre et, se portant fort pour le futur président, déclara que celui-ci regarderait comme un de voir de traiter tous les états avec une égale impartialité, et d’assurer aux citoyens du Sud, quels que fussent leurs antécédens et leurs opinions, la jouissance de leurs droits civils et politiques dans toute leur plénitude. Cette déclaration, faite avec une grande solennité, fut prise et acceptée comme un engagement formel de la part du futur président.


II

Avant de se séparer, la chambre des représentans, dont les pouvoirs expiraient, vota une protestation dans laquelle elle exprimait la conviction que M. Tilden avait obtenu une majorité d’au moins 18 voix et qu’il avait été le véritable élu de la nation. Bien que cette affirmation ne pût être contredite avec sincérité par personne, la protestation de la chambre n’en était pas moins une affaire de pure forme, et nul ne songeait plus à mettre obstacle à la proclamation et à l’installation du candidat républicain. Lorsque M. Hayes se rendit de la Maison-Blanche au Capitole pour prêter serment de fidélité à la constitution, des groupes nombreux firent retentir sur le passage du cortège des cris de : « Vive Tilden ! » mais tout se borna à cette inoffensive manifestation, et dès que le président parut sur l’estrade élevée en face du Capitole, le silence s’établit de lui-même pour permettre à tous d’entendre le discours qui devait formuler le programme de la nouvelle administration.

La plus grande partie de ce discours était consacrée à la situation des anciens états à esclaves. M. Hayes renouvelait, mais avec plus de précision et de force, les engagemens qu’il avait pris dans la lettre par laquelle il avait accepté la candidature à la présidence[1]. Il annonçait l’intention de poursuivre la pacification définitive du pays par le respect et la protection des droits constitutionnels de tous les citoyens, sans acception ni de parti ni de couleur. En proclamant que le rétablissement de l’autonomie administrative de tous les états était une nécessité impérieuse et que la question se posait dans le Sud entre le gouvernement par la majorité ou l’absence de tout gouvernement, entre le rétablissement de

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1876.