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L’INSTRUCTION PUBLIQUE
EN 1789

Le travail qu’on va lire n’a pas la prétention d’être complet ; ce n’est qu’une introduction, la préface en quelque sorte obligée d’une étude où l’on s’est proposé de marquer ce que la révolution a fait pour l’instruction publique à ses divers degrés ; si, comme l’ont avancé ses apologistes, elle a tout créé, ou si, comme le prétendent ses détracteurs, elle a tout détruit sans rien fonder. Entre ces deux opinions violentes et plus passionnées peut-être que raisonnables, la vérité, naturellement, tient le milieu. Mais, pour la dégager, il n’eût pas suffi de se renfermer dans la période qui va de 1789 à l’an VIII. Un coup d’œil rétrospectif était nécessaire. Dans quelle situation la révolution de 1789 a-t-elle trouvé l’enseignement ? Il fallait avant tout fixer ce point. La plupart de nos historiens l’ont négligé ; mais ils avaient une excuse, l’absence de documens. Cette excuse, nous ne saurions aujourd’hui l’invoquer. Depuis une quinzaine d’années, beaucoup de travaux importans ou consciencieux ont jeté sur les origines de la question qui nous occupe une vive lumière. Sans doute, il y reste bien des parties obscures et douteuses ; tout n’a pas été dépouillé ni classé ; nos archives départementales recèlent encore bien des richesses inexplorées. Cependant on peut déjà, sans trop accorder à l’hypothèse, s’avancer avec quelque sécurité sur un terrain ainsi préparé et, sans avoir la prétention de dresser un bilan très exact et très complet, nous possédons dès maintenant assez de données pour déterminer avec quelque