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le nœud? et quel enchaînement de faits divers, ou quelle heureuse combinaison des menus scandales du boulevard et du bois pourrait bien grossir l’aventure jusqu’aux proportions d’un volume? C’est évidemment la première question que se posent les auteurs du Mariage de Rosette et de la Dame du lac. Il s’agit d’abord pour MM. Le Senne et Texier de rendre à « tout Paris, » comme dit la librairie Calmann-Lévy, ce que tout Paris leur a prêté ; — le tout Paris des journaux, c’est-à-dire des courses et des premières représentations. Ils démarquent alors l’événement et dénaturent l’intrigue, ils dépaysent les principaux personnages et griment les simples comparses; — on voit passer dans leurs récits des rois imaginaires et des princes fantastiques, — puis ils opèrent des mélanges, ils confondent, ils brouillent, ils combinent, et déguisant tout cela sous l’enveloppe d’un style extraordinairement précieux dans sa négligence, ils nous offrent des œuvres si parisiennes qu’elles cessent d’être humaines, si spéciales que pour les lire il faudrait avoir sous la main la collection des faits divers de l’an dernier, si fragiles enfin, qu’une fois ôtées les parties à! actualité qui les soutiennent huit jours, elles croulent et s’évanouissent tout entières. MM. Le Senne et Texier n’ont pas tenu les promesses de leurs premiers romans. Nous ne le constatons pas sans un regret bien sincère. L’élégante histoire de Cendrillon et le récit bizarre, hardi, mais curieux, qu’ils avaient intitulé: ''les Idées du docteur Simpson nous avaient fait espérer beaucoup mieux que la Dame du lac, mieux que Monsieur Candaule et mieux que le Mariage de Rosette.

M. Jules Claretie ne s’y prend pas tout à fait de la même manière. Il reste cependant, aussi lui, comme MM. Le Senne et Texier, un journaliste dans le roman. Curieux de toute sorte de choses, d’histoire et de fiction, de science et d’art, de politique et de poésie, l’œil et l’oreille toujours au guet, servi d’ailleurs, trop bien servi, par une facilité merveilleuse, que j’appelle merveilleuse pour ne la nommer pas regrettable, M. Jules Claretie semble se borner depuis quelques années à vider, pour ainsi dire, périodiquement, des carnets de reporter dans le cadre d’une intrigue romanesque. Si quelques circonstances ont tourné l’attention vers les gens de théâtre, M. Claretie, qui connaît les gens de théâtre, qui les a vus de près, qui les suit depuis longtemps, lui-même auteur et critique dramatique, d’écrire aussitôt et de publier le Troisième dessous. Mais voici qu’une question scientifique s’élève ou plutôt reparaît, après avoir été pendant longues années reléguée du commun accord des physiologistes et des médecins dans le vaste domaine de l’inconnu, du douteux, et de l’inaccessible : M. Claretie tout aussitôt de courir à la Salpêtrière, de consulter les uns, de faire causer les autres, de prendre force cotes, et quand il croit être au courant de la question, de nous offrir les Amours d’un interne. Notez bien le point. Ce n’est pas une histoire à conter qui le hante, ce ne sont pas des figures entrevues