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autres végétaux grossiers qui, négligés dans les terrains analogues de notre littoral méditerranéen, constituent la-principale ressource nutritive des bestiaux dans le Sahara.


II

Les terrains arrosables, seuls susceptibles d’une culture régulière dans le désert, sont eux-mêmes salés le plus souvent. Cette catégorie de terrains mérite donc une attention toute particulière de notre part. Il ne sera pas dès lors inutile d’étudier ce genre de formations en les comparant à elles que nous retrouvons dans nos climats, où elles jouent un rôle beaucoup moins important, bien que trop négligé peut-être.

La salure du sol n’implique pas toujours, ainsi qu’on pourrait le croire, l’action première d’eaux fortement salées comme celles de la mer. Elle résulte plus habituellement de l’accumulation successive de très petites quantités de sel amenées chaque année par des eaux faiblement saumâtres. Le phénomène est dû surtout à la prédominance de l’évaporation sur la chute d’eau pluviale.

Dans les contrées humides et brumeuses du Nord, où l’évaporation est faible et notablement inférieure à la hauteur d’eau pluviale, les relais de mer, aussitôt qu’ils sont séparés de la masse salée, se dessalent d’eux-mêmes par le drainage continu de l’excédent d’eau atmosphérique qui doit prendre son écoulement de haut en bas à travers les couches du sous-sol.

Dans les pays, au contraire, où l’évaporation est notablement supérieure à l’eau pluviale, ce drainage naturel ne se produit pas. Le sol, accidentellement imbibé, ne s’assèche que par l’évaporation ramenant les eaux de bas en haut par une action de capillarité. Si ces eaux d’imbibition sont saumâtres, le sel se dépose et se concentre momentanément à la surface en une couche cristalline, d’autant plus épaisse que les pores du sol ont été plus profondément vidés par l’action ascendante de la capillarité. Mais dès que cesse la sécheresse, quand surviennent de nouvelles eaux pluviales ou étrangères, leur premier effet est de dissoudre cette mince pellicule, de se saturer de son sel et de pénétrer avec lui dans les pores du sol, la capillarité agissant cette fois de haut en bas, dans le même sens que la pesanteur.

Le sel primitivement concentré à la surface se trouve ainsi ramené dans le sous-sol et s’y maintient sans mélange sensible avec les eaux de surface qui achèvent de remplir les conduits capillaires. Si ces dernières eaux sont elles-mêmes saumâtres, le même effet se reproduit à la saison suivante. Le sel cristallise à la surface