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mesures plus ou moins, analogues à celles de la loi anglaise de 1876 sur les fermages. Mais ces considérations de détail sont hors de cause ici.

Pour certains agronomes la solution du problème culturel, actuel se rencontre dans le métayage, qui, naguère encore, portait un cachet suranné d’ancien régime qu’il ne mérite plus. Le métayage s’est rajeuni et a trouvé des formules nouvelles et des combinaisons variées à l’aide desquelles il peut rendre de grands services.

En dehors de sa valeur agronomique, la l’avantage de faire partager au propriétaire et au fermier les mêmes mauvaises ou bonnes fortunes, selon les vicissitudes des récoltes ; en outre, il favorise le travail en famille et expose moins la culture aux exigences de la main-d’œuvre salariée.

En revanche, l’inconvénient dû métayage est de forcer généralement le propriétaire à fournir les capitaux indispensables à l’exploitation, et d’ordinaire le propriétaire est à court de capital.

Cette forme d’exploitation semble de voir prospérer principalement dans les contrées d’élevage et dans les pays de petite ou de moyenne culture ; on peut l’encourager en parfaite sécurité.

Prédire l’avenir est toujours téméraire ; toutefois les probabilités sont qu’avant de longues années la propriété foncière ne changera ni plus ni moins qu’aujourd’hui de forme ou d’assiette, si aucune violence n’intervient pour troubler l’influence légitime des. intérêts privés ; les grands domaines se diviseront lentement dans certaines localités, rapidement dans d’autres. Ailleurs la propriété rurale s’agglomérera par lai nécessité d’exploiter la terre en grandes masses pour économiser les frais généraux et pour trouver les capitaux, nécessaires à fournir ou à emprunter.

Comme il est à croire qu’on trouvera longtemps encore avantageux d’exploiter par la grande culture une partie du sol français, la grande propriété sera vraisemblablement conservée, et la location des terres, sous une forme ou sous un autre, subsistera aussi en conséquence. Le métayage, modifié de diverses façons, remplacera sans doute avantageusement le fermage dans certaines contrées. Mais, quoi qu’on fasse, les entrepreneurs culturaux, petits ou grands, auront toujours profit à louer ou à emprunter des terres, c’est-à-dire le capital foncier ou instrument de production, dans des conditions équivalant tout au plus à un emprunt de 2 1/2 pour 100, plutôt que d’immobiliser de gros capitaux à si faible intérêt dans l’acquisition du sol, qui ne rapporterait ni plus, ni moins, car le sol ne produit pas plus lorsqu’il appartient en propre à celui qui le cultive que lorsqu’il est loué par l’exploitant en bonne condition. L’avantage évident de ce dernier est de placer à gros intérêts dans sa ferme tous les capitaux dont il peut disposer et de