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office purement ecclésiastique fût exclusivement à la nomination du saint-siège. Il est du moins remarquable que, dans le même temps où le dominicain Jean Graverent se voyait attribuer la répression de l’hérésie dans la France anglo-bourguignonne, c’était au contraire à des franciscains, à Antoine Ailland, à Pons Feugeyron, à Pierre Fabre, que les papes Benoît XIII et Martin V déléguaient successivement leurs pouvoirs en matière de foi dans le Lyonnais, le Dauphiné et la Provence, pays soumis à l’autorité de Charles VII ou de sa belle-mère Yolande.

La reine de Sicile et le roi de France son gendre accordèrent une protection toute spéciale aux franciscains dits de l’observance. Les observans étaient ainsi appelés parce qu’ils faisaient profession d’observer plus strictement que les autres franciscains, connus sous la dénomination de conventuels, la règle de Saint-François. Née en Italie, où Paulet de Foligno en avait semé les premiers germes dès 1368, fécondée et propagée dans les premières années du XVe siècle par les prédications enthousiastes de Bernardin de Sienne, l’observance n’avait pas tardé à se répandre dans les diverses parties de la chrétienté. En France notamment, cette réforme avait fait les progrès les plus rapides, surtout dans les provinces centrales, où la reine Yolande, pour des motifs politiques que nous indiquerons tout à l’heure, en avait favorisé le développement de tout son pouvoir. À l’époque de Jeanne d’Arc, le Maine, l’Anjou, le Poitou et la Touraine ne possédaient pas moins de six couvens d’observans, ceux de Laval, de Bressuire, de Cholet, d’Amboise, de Fontenay-le-Comte et un sixième dont nous ne connaissons que le nom latin et qui était situé à huit lieues de Poitiers. La fondation de la plupart de ces couvens remontait à quelques années seulement, et la duchesse d’Anjou ou les dames de sa cour y avaient présidé. La maison de Cholet, fondée en 1406 par Marie de Montalais, était considérée comme la maison mère de tous les observans de France, et un chapitre général de l’ordre s’y était tenu le 29 janvier 1419. Quelques années auparavant, en 1414, un autre couvent d’observans avait été établi à Varennes, au diocèse de Reims, par le cardinal Louis de Bar, oncle maternel de la reine Yolande. C’est également pendant les années qui précédèrent ou suivirent immédiatement l’apparition de la Pucelle que Moulins, Aigueperse, Castres, le Puy virent s’élever, avec le concours des princes de la maison de Bourbon et sous les auspices de Colette de Corbie, des couvens de religieuses franciscaines de l’observance, dites en France colettines, du nom de la grande réformatrice de l’ordre de Sainte-Claire. Les clarisses réformées eurent aussi leur part des faveurs des princes angevins, car nous savons que l’observance fut introduite dès 1431 dans le monastère fondé, en 1420, à