à effectuer par le trésor que 102 millions, tandis que les engagemens qui arriveront à échéance en 1882 s’élèveront en réalité à 170 millions. Si aux 68 millions dissimulés sous le couvert des renouvellemens à opérer, on ajoutait 20 ou 30 millions habilement transférés du budget ordinaire au budget extraordinaire et mis ainsi à la charge de la dette flottante, on serait fondé à soutenir que le budget ordinaire de 1882 a été présenté avec un déficit réel d’environ 80 millions. Rabattons-en la moitié : avec les proportions colossales que le budget a prises, 40 ou 50 millions ne représentent plus guère que 2 pour 100 de la dépense annuelle ; et il y aurait excès de rigueur à reprocher à l’administration des finances les petits artifices dont elle a usé.
Prenons les évaluations en recettes et en dépenses comme indiscutables : la mise en réserve de 17 millions et demi pour faire face à l’imprévu ne semblera pas un excès de prudence si l’on songe à la multitude de circonstances qui peuvent exercer une influence fâcheuse sur certaines branches du revenu public, et surtout si l’on tient compte de la facilité avec laquelle les ministres se font ouvrir des crédits extraordinaires. Cependant cette modeste réserve de 17 millions et demi avait cessé d’exister dès le lendemain de la présentation du budget. En effet, une loi a établi en faveur de la marine marchande un système de primes qui nécessitera un crédit de 12 millions ; une autre loi a autorisé la répartition de six millions entre les individus qui prétendent avoir été lésés par les événemens de décembre 1851. Les 18 millions ainsi ajoutés aux dépenses de 1882 absorbaient et dépassaient même l’excédent de recette mis en réserve. Cependant, la commission du budget avait résolu de supprimer l’impôt sur le papier qui excite fort la mauvaise humeur des journaux, mais qui rapporte 14 millions et demi. Elle considérait comme une nécessité politique de modifier, dans ses conséquences financières, la loi récemment votée sur la gratuité de l’enseignement primaire : elle voulait décharger les communes de l’obligation qui leur était faite, et qu’elles avaient fort mal accueillie, de s’imposer 4 nouveaux centimes additionnels, applicables au remplacement de la rétribution scolaire. La mise à la charge de l’état de ces quatre centimes exigeait 15 millions et, par voie de conséquence, 7 autres millions pour les dépenses accessoires auxquelles le trésor devrait également pourvoir. La commission avait donc besoin d’un excédent de recettes d’au moins 36 millions, et voici comment elle a réussi à le créer. Elle a commencé par réduire de 19 millions les crédits demandés par divers ministères, et cet effort pour réaliser des économies n’a rien que de louable ; il sera seulement curieux de vérifier si la plupart des crédits supprimés par la commission ne ressusciteront pas sous la