l’Opéra-Comique. » Il n’y a rien à transformer, opter suffit, et ce qui se passe nous démontre surabondamment que M. Carvalho a fait son choix. Il s’agit alors simplement de transporter l’Opéra-Comique autre part, à moins qu’on n’aime mieux voir les Folies-Dramatiques ou la Renaissance hériter de son répertoire et nous le représenter en cascade ce qui serait du plus beau chic. Quelqu’un qui louerait la salle du Vaudeville et se vouerait à la restauration de ce joli genre national ne ferait peut-être pas un si mauvais rêve. On laisserait à M. Carvalho la libre et entière exploitation du drame lyrique, et l’état nommerait un nouveau directeur pour administrer le répertoire de Grétry, de Nicolo, de Boieldieu, d’Herold, d’Auber et de leurs successeurs contemporains. Cette solution est assurément celle qui entraînerait le moins de frais et lot ou tard on y viendra ; d’abord parce que l’évolution commencée à Favart sous les auspices de Mozart, de Meyerbeer, de MM. Ambroise Thomas, Gounod et Delibes ne s’arrêtera plus et ensuite parce que l’opéra de Boieldieu et d’Auber, l’opéra de conversation, — qu’il ne faut jamais confondre avec l’opérette, — est un spectacle passé dans nos mœurs, ayant ses traditions, son public et parfaitement déterminé à ne point accepter la seconde place à son propre foyer.
A mesure que la question du Théâtre-Lyrique perd du terrain, celle de l’Opéra populaire voit grandir ses chances. Le conseil municipal offre 300,000 francs, à la condition que la chambre votera de son côté la même somme, ce qui réaliserait une subvention de 600,000 francs, chiffre au demeurant très sortable dans l’ordre d’institution qu’on se propose, car il ne s’agit point de faire concurrence à l’Académie nationale. On laisserait à part l’Opéra, ses grandeurs, ses magnificences et son immense superflu décoratif et chorégraphique pour ne s’occuper que du nécessaire en vue de l’éducation musicale du plus grand nombre. Un orchestre de soixante musiciens, autant de choristes, et, quant à la troupe, naturellement tout ce qu’on pourra se procurer de mieux en fait de ténors, barytons, basses, contraltos et sopranos, une clause du privilège autorisant en outre le directeur à partager avec ses deux collègues de l’Académie nationale et de l’Opéra-Comique la faculté de choisir parmi les sujets sortans du Conservatoire. Chargé de représenter une moyenne de dix actes par an, l’Opéra populaire serait admis à fouiller les archives de l’Opéra pour y chercher son bien. Sans parler des chefs-d’œuvre de Gluck et de Spontini, que notre première scène se propose toujours de reprendre et qu’elle ne reprendra jamais, combien d’ouvrages dont il y aurait à tirer profit dorment là du sommeil des catacombes, Charles VI, le Lac des Fées, Sapho, la Heine de Saba, la Nonne sanglante, Don Carlos, les Vêpres siciliennes, de l’Halévy, de l’Auber, du Gounod, du Verdi, que sais-je ? tout un fonds de répertoire ; ce serait le grand art dramatique musical mis à la portée des masses, quelque