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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/843

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que nous aurons à constater plus tard une tendance contraire vers une sorte d’égalisation des climats, dans le cours du quaternaire. — Maintenant, c’est dans l’âge immédiatement antérieur, nommé pleistocène par les uns, pliocène récent ou supérieur par les autres, que nous nous transporterons pour y placer notre point de départ, avant de pénétrer dans les temps quaternaires proprement dits.

Le pliocène récent est en effet le vestibule du quaternaire, il amène sur le seuil de ce dernier terrain, mais il ne se confond pas avec lui. À cette époque correspondent les préliminaires de la grande extension glaciaire ; les parages circumpolaires sont déjà entièrement occupés ; les glaciers ont pris possession des massifs montagneux de l’Ecosse et de la Scandinavie ; ils descendent et tendent à s’avancer en empiétant peu à peu sur les vallées inférieures. Le relief, peut-être même le surhaussement de ces régions favorise le mouvement d’extension. Il en est de même des glaciers alpins, encore loin du but qu’ils finiront par atteindre ; ils sont pourtant en marche ; ceux du Rhône supérieur, de l’Arve et de la Savoie, ne se sont pas encore répandus dans la plaine des Dombes, ni dans celle du Bas-Dauphiné, mais les eaux boueuses, sorties de ces glaciers, augmentent toujours de volume; elles se précipitent et déposent sur divers points ce que les auteurs de la Monographie lyonnaise nomment les « alluvions anciennes glaciaires. » Ce sont des graviers associés à des élémens roulés ou concrétionnés, généralement recouverts et cimentés par un limon jaunâtre provenant du lavage des déjections, opéré par les eaux. Les particules les plus fines ont été ainsi entraînées, puis abandonnées sous la forme de lehm ou loess, sédiment qui se rencontre particulièrement abondant dans la vallée du Rhin, où il accuse la même origine que dans celle du Rhône moyen. — Le climat et la flore de l’Europe étaient dès lors partiellement altérés et modifiés ; mais le premier était surtout inégal selon les régions, celles du nord ne gardant plus rien de l’aspect qu’elles avaient eu pendant le tertiaire, celles du midi conservant encore certains traits empruntés aux temps antérieurs et surtout n’ayant pas encore reçu les espèces caractéristiques qu’elles présentent de nos jours.

On peut juger de l’Angleterre de cet âge, encore soudée au sol continental, par le forest-bed ou résidus de forêts observés sur la côte du Norfolk. Dans cette région, le lit qui renferme les principaux débris se trouve recouvert par le boulder-clay ou limon glaciaire et par conséquent a dû précéder celui-ci. Les sapins et le pin des tourbières, associés au pin sylvestre et au noisetier, couvraient alors les collines ; ce sont déjà les aspects sévères de la nature boréale. Si l’on interroge les lignites ou charbons feuilletés de