Durnten et d’Utznach en Suisse, dont la situation accuse l’approche des montagnes et le voisinage des glaciers, on constate la présence d’une végétation similaire, identique même à celle de la côte de Norfolk, D’après M. Heer, qui a déterminé ces débris, les forêts suisses comprenaient alors le sapin, le pin des montagnes, l’if, le chêne rouvre, le noisetier, le myrtil. Ces lignites, dont l’épaisseur indique un âge de calme prolongé, favorable au développement des grands bois, paraissent intercalés entre deux lits de déjections glaciaires, circonstance qui a porté M. Heer à supposer l’existence de deux époques distinctes d’extension des glaciers, séparées par un intervalle pendant lequel le climat aurait repris de la chaleur. M. Geikie, nous l’avons vu, admet aussi plusieurs périodes interglaciaires pour les îles britanniques. Il faut observer cependant que non-seulement l’hypothèse de ces retours de froid paraît peu compatible avec la distribution actuelle de la flore européenne, mais que la faune des stations supposées interglaciaires n’est pas celle qui prédomine au sein de l’Europe centrale vers le milieu du quaternaire, mais plutôt celle qui a précédé cette époque et qui persista ensuite plus ou moins dans le sud du continent.
L’éléphant « antique » de Falconer, qui, selon M. Gaudry, se rattache étroitement à l’éléphant de l’Inde, tient la place du mammouth dans le midi de la France. Il avait cependant précédé ce dernier en Angleterre et dans la France du Nord, après avoir succédé, sur les mêmes lieux, à l’éléphant « méridional, » espèce qui caractérise la dernière moitié du pliocène. Ainsi, l’éléphant « méridional » est le plus ancien de tous ; il habite d’abord l’Europe, des bords de la Méditerranée aux confins du Yorkshire, puis il se retire au sud associé à l’éléphant « antique, » tandis que celui-ci continue à habiter le nord, où il reste seul ; mais l’extension glaciaire fait de nouveaux progrès, et l’éléphant « méridional » disparaît; enfin, vers le moment où cette extension atteint ses limites extrêmes, l’éléphant « antique » quitte le nord à son tour et persiste seulement dans le sud de l’Europe, tandis que le mammouth le remplace dans la partie centrale de ce continent. Le mammouth, dernier venu, s’accommode évidemment d’un climat et d’un régime auxquels son congénère n’a pu s’adapter.
Il faut, en effet, tenir compte du régime et du climat réunis pour avoir la clé de ces migrations, de ces substitutions qui nous étonnent à une aussi grande distante des événemens. Les éléphans et les rhinocéros ne mangent pas indifféremment toutes les plantes qu’ils rencontrent; ils font un choix de celles qui leur plaisent ; ils recherchent avec soin les branches, les herbes et les jeunes pousses qu’ils préfèrent. Par conséquent, la disparition de certains