Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/873

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
PHILOSOPHIE DE LA CROYANCE

I. De la Certitude, par M. Ollé-Laprune, 1881. — II. De l’Erreur, par M. V. Brochard, 1879.

Il s’est fait depuis quelque temps un travail intéressant en philosophie : c’est la recherche de la part, qu’il faut attribuer à la volonté dans la connaissance. Généralement, les traités de psychologie et de logique réservent à l’intelligence seule l’origine de la connaissance humaine ; et, en effet, le vouloir produit les actes, mais comment produirait-il le vrai et le faux? La faculté de connaître est précisément ce qu’on appelle intelligence, et c’est presque une tautologie de dire que c’est par l’intelligence que l’on connaît. Fort bien ; mais le vrai n’est pas toujours objet de connaissance ; il est aussi objet de croyance. Je crois qu’il y a une ville appelée Rome; je crois qu’il y a eu un homme appelé César. Je crois que le progrès a été la loi de l’humanité ; je crois que la forme républicaine ou la forme monarchique est la meilleure forme de gouvernement. Je crois que mes amis ne me trompent pas. Je crois qu’il y aura une autre vie; je crois qu’il y a un Dieu. Voilà bien des cas où j’affirme des vérités, non par une connaissance directe, mais par un acte spécial et différent que j’appelle croyance. Or la croyance n’est-elle qu’un acte d’intelligence? Dans cet acte, ne faut-il pas