Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


Le marché de Paris a été profondément troublé depuis quinze jours. Un seul fait a suffi pour amener ce résultat, mais un fait capital : il a été démontré à la spéculation à la hausse, par un exemple éclatant, qu’elle était à la merci des capitaux reporteurs, et que Ba position allait devenir intenable, puisqu’elle était exposée à tout moment, et pour un motif quelconque, à ne plus trouver, sur la place, les ressources nécessaires pour la prorogation de ses engagemens.

Il s’en est fallu de peu qu’au moment de la liquidation de la quinzaine, les acheteurs ne se soient trouvés en présence de ce cas de force majeure, l’impossibilité de se faire reporter. Si cette disette de capitaux n’avait pas été purement factice à un certain point de vue, un effondrement de toutes les valeurs de spéculation pouvait être la conséquence de la surprise que cette liquidation du 15 octobre ménageait aux haussiers.

La place était en pleine voie de progression et les acheteurs se flattaient d’obtenir encore une fois des conditions relativement douces pour le transfert au 31 octobre du terme de leurs opérations, lorsque les taux des reports se tendirent tout à coup dans des proportions inouïes. Il ne s’agissait plus de 7 à 8 pour 100, mais de 20, 30, 50, 100 pour 100. On a payé 20 et 30 francs de report sur des titres libérés de 250 et même de 125 francs jouissant de 2 ou 300 francs de prime. Le report de l’Italien s’est élevé à 80 centimes. A Lyon, ce fut pis encore. Il y eut des opérations de report traitées à 50 et 60 fr. par action, et des acheteurs d’Italien durent payer jusqu’à 1 franc, c’est-à-dire 2fc pour 100, courtage non compris, pour un titre qui ne rapporte pas net 4 1/2 pour 100 d’intérêt.

La crise, si longtemps prévue, éclatait donc enfin. Mais quels incidens immédiats en avaient déterminé l’explosion ? Ces incidens sont de nature très diverse et n’ont nullement une égale importance, bien qu’ils aient contribué à produire le même et déplorable effet. On sait d’abord qu’un versement de 200 millions était exigible le 16 octobre sur l’emprunt nouveau en rente amortissable. Une somme de 200 millions était ainsi enlevée aux disponibilités du marché. Mais le fait