Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des résultats meilleurs, puisqu’à la fin du mois d’août dernier, les nouveaux prêts hypothécaires consentis depuis le mois de janvier s’élevaient à 148 millions et demi contre 118 millions seulement dans la même période de 1880. Il n’est pas sans intérêt de faire ressortir, dans ces chiffres mêmes, tout le profit que le Crédit foncier a retiré du mode d’émission d’obligations à lots, dont ses adversaires lui contestent l’usage légal et qu’il vient de remplacer tout récemment pour ses prêts communaux par des obligations à 4 pour 100 d’intérêt : dans le total des émissions de 1872, les obligations foncières à lots figuraient pour 265,137,000 francs, contre 626,788,000 francs d’obligations sans lots, et les obligations communales à lots pour 55,621,000 francs contre 387,974,000 francs d’obligations sans lots. En 1880, la proportion est tout autre ; dans le total des obligations foncières on ne trouve plus que 25,817,000 francs d’obligations sans lots contre 940,427,000 francs d’obligations à lots, et dans le total des obligations communales, 46,619,000 francs d’obligations sans lots contre 519,905,000 francs d’obligations à lots. De tels changemens méritaient bien d’être notés.

Nonobstant l’importance des sommes ci-dessus, peut-on dire que le Crédit foncier compte parmi ses cliens la véritable propriété immobilière, pour l’avantage de laquelle il semblait avoir été créé ? Assurément non. Les prêts aux communes, si profitables qu’ils soient aux populations rurales, ne s’adressent point aux propriétaires eux-mêmes : les prêts hypothécaires sont encore aujourd’hui spécialement consentis sur des immeubles urbains, et Paris en absorbe la plus grosse part. Il en était de même, il y a plus de vingt ans, lorsque la loi du 28 juillet 1860 constituait, au capital de 20 millions, le Crédit agricole à côté du Crédit foncier. On sait quelle fut la destinée de cette société annexe, qui devait, au bénéfice de la propriété rurale, remplir le rôle que jouait, au bénéfice de la propriété urbaine, le Sous-Comptoir des entrepreneurs. Faute d’emplois agricoles proprement dits, le Crédit agricole dut recourir à des placemens qui non-seulement compromirent sa propre fortune, mais parurent atteindre celle du Crédit foncier lui-même. Grâce au dévoûment des gouverneurs alors en exercice et au relèvement des finances égyptiennes, œuvre simultanée de la France et de l’Angleterre, le Crédit foncier n’eut point à souffrir d’une crise heureusement conjurée ; il y trouva même les élémens d’une énorme réserve qui lui permettra d’augmenter son capital social, comme il demande à y être autorisé, afin d’offrir une nouvelle garantie à ses émissions d’obligations. Le Crédit agricole ayant disparu, c’est par d’autres créations parallèles que le gouverneur actuel s’est efforcé d’agrandir la sphère d’action du Crédit foncier. On lui doit, entre autres,