Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/907

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre ère, avait pu recueillir sur place les traditions locales, — déjà malheureusement un peu confuses, — relativement aux auteurs des sculptures et aux sujets qu’elles représentent. Malgré cette double source de renseignemens, les essais de restauration auxquels on s’est arrêté jusqu’ici n’ont pas encore un caractère d’évidence incontestable. Aussi, dans le local même où l’on a réuni les moulages d’Olympie, a-t-on placé deux modes différens de groupement pour les figures de chacun des deux frontons. Ces deux arrangemens étant superposés, il est permis, grâce à ce rapprochement, non-seulement d’apprécier leur degré de vraisemblance, mais de se rendre compte à la fois du mérite d’exécution des statues ainsi placées sous le regard, et aussi de l’aspect que présentent ces mêmes statues vues à une élévation de quatre mètres, bien que cette élévation ne soit que le quart environ de la hauteur totale où en réalité elles étaient posées. Inutile d’ajouter que ces deux modes d’arrangement, qui ont pour patrons l’un M. E. Curtius, et l’autre M. Treu, ont provoqué parmi les archéologues allemands des discussions nombreuses dans lesquelles tous les textes ont été produits et pressés de manière à en épuiser tous les sens possibles. Ces controverses et toutes celles que soulèvent les diverses questions qui se rattachent à l’étude des sculptures d’Olympie, exposées et débattues avec une grande impartialité dans la dernière édition du livre de J. Overbeck, justifient pleinement, à notre avis, les conclusions qui y sont proposées et dont les termes nous paraissent à la fois mesurés et précis. En les appuyant de notre propre appréciation, nous nous sommes avant tout préoccupé du caractère des œuvres et du mérite de leur exécution.

Disons d’abord un mot des sujets représentés. Les deux compositions, offrent dans la disposition des épisodes qui y sont figurés des analogies formelles et commandées évidemment par le cadre même qui les contient. Dans chacune, autour d’un personnage central, vingt autres statues sont groupées avec des attitudes combinées de façon à ménager la décroissance progressive de leur taille depuis le milieu jusqu’aux extrémités des tympans. Comme au Parthénon d’ailleurs, entre les scènes choisies pour chaque façade on observe un contraste complet. La façade antérieure, à l’est, nous montre les préparatifs de cette mémorable course de chars qui devait faire de Pélops le roi de la contrée. De chaque côté de Jupiter, — dont la statue plus haute que celle des simples mortels est placée au centre, — on reconnaît le jeune Pélops attendant le signal du départ, avec Hippodamie sa fiancée, et à droite, OEnomaüs près de Stérope, la fille d’Atlas; puis, de part et d’autre, les deux quadriges avec les serviteurs qui surveillent les chevaux, enfin à chaque extrémité, l’Alphée et le Cladéos, les deux fleuves entre lesquels est circonscrit le champ de la course.