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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/721

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qui lui était due et rien de plus. Les ministres autrichiens n’ont pas caché que le voyage n’avait ou n’aurait aucune conséquence politique. Aujourd’hui l’empereur François-Joseph, qui est un prince de haute courtoisie, paraît devoir rendre sa visite au roi Humbert, et, avant tout, il s’est élevé, à ce qu’il semble, une difficulté qui est déjà presque une désillusion pour les Italiens. Où aura lieu l’entrevue? Dans quelle ville d’Italie se rencontreront les souverains? L’empereur François-Joseph ne paraît pas devoir aller à Rome pour plus d’une raison, et d’abord parce qu’il se tiendrait sûrement pour obligé d’aller rendre visite au saint-père dans le Vatican. A Milan, il retrouverait bien plus qu’à Venise les souvenirs impériaux. A Turin, il aurait l’air d’aller visiter le roi de Piémont. Il reste Florence. Dans tous les cas, François-Joseph fera un acte de courtoisie impériale ; il ne sera pas porteur d’une alliance, au moins de l’alliance qu’on lui demande.

Les Italiens ne s’y méprennent pas; ils sentent bien qu’ils n’ont fait qu’une assez médiocre campagne, que, dans ces conditions d’un acte de simple courtoisie, la visite de l’empereur, sans leur donner une force, peut leur créer des difficultés d’un autre côté au camp révolutionnaire, où tout ce qui est autrichien est resté impopulaire. Au lieu de se perdre dans ces combinaisons, que ne reviennent-ils tout simplement à la vérité, à leurs rapports naturels? Que ne finissent-ils par reconnaître qu’ils n’ont aucune raison de s’émouvoir ni pour leur sûreté ni pour leurs intérêts, et que ce qu’il y a de plus sûr pour eux est de rentrer dans la réalité d’une situation où ils ne sont menacés par personne, où ils ne trouveraient aucun secours pour menacer les autres? C’est leur vraie politique, la politique de leur intérêt bien entendu, et, après tout, entre les alliés qu’ils peuvent chercher, la France est encore la seule qui n’ait rien à leur demander, rien, si ce n’est de se tenir plus tranquilles en travaillant à leur propre prospérité.

Les chambres espagnoles viennent de se réunir il y a peu de jours, et si elles n’ont pas à s’occuper pour l’Espagne de sérieuses questions internationales, qui s’élèvent rarement au-delà des Pyrénées, elles ont du moins bon nombre d’affaires intérieures, financières ou autres, sans compter les affaires ministérielles qui passionnent toujours les partis. Le cabinet de M. Sagasta, qui a déjà une année d’existence et qui s’est tiré d’affaire jusqu’ici non sans dextérité, ce cabinet va se trouver évidemment dans une situation assez malaisée devant les certes. Il est entouré d’inévitables difficultés, les unes tenant aux questions politiques ou économiques qu’il a cru devoir soulever, les autres inhérentes à sa composition même, aux alliances de partis à l’aide desquelles il a pu se former et il a vécu depuis un an. Une des questions qui pèsent le plus sur lui, qu’il ne peut plus ajourner, est celle de l’île de Cuba, qui s’est ravivée récemment, qui met aux prises toutes les passions, tous