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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La seconde quinzaine de mars a été fertile en incidens heureux pour la reconstitution de notre marché financier. D’une part, des décisions du ministre des finances viennent de dissiper l’incertitude qui pesait sur la situation des intermédiaires : à Paris, quatre nouveaux agens de change ont été nommés en remplacement de quatre agens démissionnaires; à Lyon, trois agens ont été révoqués purement et simplement, et le nombre des charges a été ramené de trente à vingt-sept. Le personnel du parquet ayant subi de la sorte les renouvellemens nécessaires, la confiance a reparu non-seulement dans les relations des agens entre eux, mais dans celles des cliens avec leurs agens. Les opérations à terme sont redevenues possibles; elles ont même pris dans ces derniers jours une importance qu’elles n’avaient pas eue depuis la crise de janvier.

D’autre part, les obstacles qu’auraient pu opposer à la reprise des cours sur les rentes et sur les bonnes valeurs les difficultés d’ordre économique et politique, au dedans et au dehors, se sont successivement aplanis. La baisse des fonds russes sur les marchés de Vienne et de Berlin, provoquée par les expansions oratoires du général Skobelef, s’est arrêtée, et, toutes craintes relatives au maintien de la paix peuvent être écartées, d’autant plus que l’Autriche-Hongrie paraît en avoir heureusement fini avec l’insurrection dalmate. Ces bonnes nouvelles politiques ont coïncidé avec un abaissement rapide du prix de l’argent sur les deux grandes places occidentales, Londres et Paris. La Banque d’Angleterre a réduit le taux de son escompte à 3 pour 100; la Banque de France a cru devoir s’arrêter à 3 1/2. Les bilans des deux établissemens continuent à présenter depuis plusieurs semaines les mêmes caractères : accroissement de l’encaisse métallique, diminution du portefeuille, des avances et des comptes-courans, diminution de la circulation fiduciaire. Les besoins de crédit s’atténuent à mesure que la période aiguë de la crise s’éloigne.

L’abaissement du prix de l’argent pour le commerce ne va pas sans un accroissement de facilités pour la spéculation, et le taux des reports est devenu peu rémunérateur pour les capitaux naguère si avides de ce genre d’emploi. La possibilité de proroger à de bonnes conditions tous engagemens anciens ou nouveaux a contribué puissamment à effacer les traces de la crise. Mais on doit constater que, sur le marché