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aux formations géologiques des plateaux élevés qui s’adossent aux Pyrénées, pénétrant dans le massif intérieur des montagnes par ce pédoncule étroit du plateau de Lannemezan resserré entre les deux rivières de la Neste et du Gave de Pau. A la surface de ce plateau s’étend, seule visible à l’œil, une formation argilo-siliceuse d’origine plutôt glaciaire que diluvienne, qui paraît provenir de la désagrégation des masses granitiques dont on retrouve en tous points les élémens constituans. Au contact des montagnes, les blocs de granit et de micaschistes sont encore intacts, enchâssés dans une faible proportion d’argiles et de sables quartzeux ; mais ces blocs diminuent rapidement de volume à mesure qu’on s’éloigne du point de départ de l’épanchement. Cette formation glaciaire, dont les cartes géologiques ont exagéré l’importance, est toute superficielle et disparaît à peu près complètement vers l’extrémité nord du plateau. Dans cette région, la masse du sol reconnue par des sondages précis sur une hauteur de plus de 200 mètres se compose d’une formation d’argiles feldspathiques homogènes, compacts, sans interposition ni mélange de sables et de galets, reposant sur de puissantes couches de marnes calcaires affouillables.

Nous avons donc sur place, pouvant être abattues par une même attaque, les deux composantes essentielles du limon végétal que nous voulons produire.

L’eau motrice nécessaire aux diverses actions mécaniques que nécessite cette fabrication ne saurait être difficile à procurer. On ne peut avoir que l’embarras du choix en un point où affluent les principaux torrens de la grande chaîne des Pyrénées, avant de diverger dans des directions opposées. Mais, de ce côté, une partie du travail est déjà faite. Depuis près de vingt ans, existe une dérivation qui conduit les eaux de la Neste sur le plateau de Lannemezan, à une altitude de 630 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce canal, construit sans idées d’utilisation bien arrêtées, a été aménagé surtout en vue de maintenir un certain débit d’étiage dans les vallées sèches du Gers et rend, à cet égard, déjà de bons services, limités toutefois par le faible débit d’étiage de la rivière alimentaire. Des travaux peu coûteux permettront d’aménager ce canal, de telle sorte que, tout en continuant à fonctionner en vue de son service actuel en temps de basses eaux, il puisse, pendant la saison des crues, suffire à un débit deux ou trois fois plus considérable, de 20 à 30 mètres cubes à la seconde, dont l’excédent sera attribué à l’entreprise qui nous occupe. Je ne crois pas nécessaire d’entrer dans des explications techniques en ce qui touche les détails du projet. Il me suffira de résumer en quelques lignes les résultats les plus importans des études précises qui s’achèvent en ce moment sur les lieux.