unie, aussi simple ; chez certaines âmes jetées au milieu de grands embarras, privées de lumières supérieures, il faut toujours moins chercher l’effort raisonné de l’intelligence, les longues prévisions, les combinaisons durables que le jeu simple des instincts les plus profonds et les plus impossibles à déraciner. Catherine de Médicis a été surtout une mère ; elle a été une mère couronnée, et ses enfans ont, comme elle, porté des couronnes, mais elle les a toujours traités en petits plutôt qu’en rois ; elle a été une mère ambitieuse, dominatrice, jalouse, injuste. A-t-elle aimé le pouvoir pour elle-même ou pour eux ? Elle ne l’a jamais bien su. Leur force était sa force, leur cour était sa cour, leur ruine était sa ruine. On peut la représenter comme une politique et une servante de la France, mais, personne alors ne séparant les intérêts de la France des intérêts de la royauté, il est clair qu’en travaillant pour ses enfans elle travaillait du même coup pour le pays. Vouloir l’élever au rang des grands ministres ou des grands rois qui ont servi plus tard des desseins persistans, favorables à la grandeur de la France, c’est sans doute aller un peu loin.
M. Guizot a écrit d’elle : « Si au point de vue moral on ne saurait juger Catherine de Médicis trop sévèrement, à travers tant de vices, elle eut des mérites ; elle prit à cœur la royauté et la France ; elle défendit de son mieux contre les Guises et l’Espagne l’indépendance de l’une et de l’autre, ne voulant les livrer ni aux partis extrêmes ni à l’étranger. » M. le comte de La Ferrière, qui a recueilli toute la correspondance de Catherine de Médicis et qui en a commencé la publication, semble assez près de l’opinion de M. Guizot ; il n’a donné encore que les lettres écrites de 1533 à 1563 ; mais dans la longue introduction dont il les fait précéder, il s’attache à montrer l’épouse et la mère s’initiant par degrés aux affaires de l’état, et la reine enfin, non pas incertaine entre les partis, mais les contenant l’un par l’autre, en vue d’un dessein toujours patriotique, pour empêcher la France de se déchirer de ses propres mains et pour conserver ses forces intactes contre l’étranger. M. de Reumont s’est enthousiasmé pour une princesse dont il a très bien raconté les premières années ; il avait pour ainsi dire triomphé avec elle en la voyant de petite duchesse d’Urbin devenir duchesse d’Orléans, dauphine, reine, régente, reine-mère ; il lui plaît de la grandir et de justifier tous ces coups du sort ; Allemand, il insiste pourtant sur « ce que la monarchie française lui a dû. » Quant aux Italiens qui ont été pour ainsi dire les témoins de Catherine de Médicis en France, résidens vénitiens ou ambassadeurs de Florence, il n’est pas étonnant s’ils tiennent pour leur compatriote. « Les Français, dit l’un d’eux, après sa mort, Jeromo