raisons. Or, très sincèrement, on est fort embarrassé pour critiquer cette œuvre comme on le voudrait. On peut dire, avec tout le monde, qu’elle est trop parfaite. C’est un paradoxe, non une raison. La perfection, au moins en art, ne saurait être un défaut. On peut faire remarquer que la mer d’où monte ce Crépuscule n’est point de l’eau, mais du métal peint en vert de mer, — critique de détail. D’autre part, peut-on nier la grâce de cette figure, l’élégance du galbe, la jolie expression de la tête, l’heureux arrangement de la coiffure, le dessin serré, le modelé savant et délicat ? Il faut donc se rabattre sur les idées esthétiques, et dire, ce qui se sent, mais ce qu’il est impossible d’expliquer, que malgré tous ses défauts, une figure de Puvis de Chavannes a le style, et que malgré toutes ses qualités, une figure de M. Bouguereau manque de style. Où M. Bouguereau donne toute prise à la critique, c’est quand il peint des paysanneries comme Frère et Sœur. S’il nous montre des Crépuscules et des Aurores, il se place dans un monde conventionnel dont nous ne pouvons juger par comparaison. Ni vous ni moi n’avons vu apparaître le crépuscule ou l’aurore sous la figure d’une femme nue. Ainsi nous ignorons si sa chair est bise ou rose, mate ou diaphane. On a vu au contraire des enfans nus et des petites paysannes. Les uns ne sont pas si frais, si roses, si luisans, si porcelaines ! les autres n’ont point ces mains de duchesse ni ce teint délicat qui n’a jamais vu le soleil. L’idéal n’est l’idéal qu’à la condition de rester dans le caractère de la nature.
M. Feyen-Perrin, qui donne tant de vie et d’élégance à la femme lorsqu’il nous la peint en costume contemporain, ne sait pas la dévêtir. Dans son Ivresse, on ne sent ni l’anatomie ni le système musculaire. Cette couleur saumâtre, cette facture truitée et grenue ne sont point bonnes pour rendre les chairs féminines. Devant cette peau de chagrin, qu’on nous ramène aux carrières, c’est-à-dire au faire lisse et luisant de M. Bouguereau. Combien nous préférons, de M. Feyen-Perrin, la Jeune Fille cheminant sur un âne le long de la route rocheuse de la Corniche ! encore qu’il faille regretter que le baudet n’ait pas été peint par Palizzy, le Raphaël des ânes, comme Mind était le Raphaël des chats.
Après les naïades, les nymphes et les bacchantes, chez lesquelles la nudité est de nature et de tradition, viennent quelques beautés contemporaines qui se sont déshabillées pour la circonstance. Trois sorties de bain : la Baigneuse de M. Paul Rouffio se regarde dans un miroir en prenant une pose de danseuse. La Baigneuse de M. Thévenot s’est tout simplement couchée sur un lit à draps de dentelle et à rideaux de mousseline ; — le lit du Rolla, de M. Gervex, anathématisé par le jury de 1878. L’Iza de M. Bukovac est assise sur un tabouret de satin rouge ; le haut du corps renversé contre son lit, elle s’abandonne aux soins d’une chambrière qui la « couvre de