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que, pendant cette période d’un demi-siècle, de 1826 à 1876, la population de la France aurait dû s’accroître énormément, aussi bien pour chaque département que pour l’ensemble de la France. Cependant, il est des départemens qui, au lieu de croître en population, ont diminué, ainsi que l’indique le tableau suivant :

EXCEDENT DES DÉCÈS SUR LES NAISSANCES PENDANT LA PERIODE DE 1826 A 1876.
Eure 56,899
Calvados 49,042
Lot-et-Garonne 35,099
Var 26,407
Seine-et-Oise 12,131
Gers 10,181
Orne 7,197
Tarn-et-Garonne 6,266

Ces chiffres n’expriment pas la différence de la population pour chaque département, entre l’année 1826 et l’année 1876, mais seulement la différence qu’il aurait dû y avoir entre ces deux années, si chaque département avait crû ou décru uniquement par ses décès ou ses naissances, sans émigration et sans immigration. On peut donc considérer que ces chiffres ne représentent pas l’augmentation finale ou la diminution de population pour chaque département, mais l’état de leur natalité comparée à leur mortalité.

En outre, quelques conditions particulières doivent être mentionnées. En effet, il faut éliminer le département de Seine-et-Oise, dont les décès sont évidemment disproportionnés avec la population. L’explication en est très simple. Beaucoup d’enfans nouveau-nés, légitimes, et surtout illégitimes, nés à Paris, sont envoyés en nourrice aux environs de la capitale, précisément dans les nombreuses localités du département de Seine-et-Oise où l’industrie des nourrices est en vigueur. Ces malheureux enfans abandonnés de fait par leurs parens, confiés à des mercenaires, souvent criminels, toujours négligens, meurent en grand nombre. Cette mortalité extrême tend à accroître la mortalité du département de Seine-et-Oise et à diminuer celle de la Seine. Il faudrait donc, pour avoir un résultat comparable à celui des autres départemens, réunir en un même groupe les deux départemens de Seine et de Seine-et-Oise. Or, si l’on fait la somme des naissances et des décès pour ces deux départemens réunis, on trouvera, au lieu d’un excédent des décès, un excédent des naissances qui a été, pour la période de 1826 à 1876, de 189,807.

Ainsi, après qu’on a éliminé le département de Seine-et-Oise dont la mortalité extrême est factice et due au voisinage de Paris,