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IMPRESSIONS DE VOYAGE

II.[1]
LA HAUTE-ÉGYPTE.


9 janvier 1882.

Nous partons pour Fechn, petite station à quatre heures du Caire, sur la route d’Assiout et où nous devons interrompre notre voyage en nous arrêtant chez Daninos-Bey. Nous prenons le train à Boulaq. Comme toujours, les stations regorgent de monde : voyageurs et badauds, effendis et mendians, mêlés dans une même égalité parfaite de relations. Partout des oranges, des mandarines et du café. La route passe assez près des pyramides pour qu’on les puisse bien voir, exquises, roses, dorées au soleil du matin, leur grand angle dans l’ombre, d’un bleu d’azur profond, et leurs bases sortant un peu brumeuses, presque vagues, d’une lente traînée de vapeurs violettes. C’est admirable ! Le sphinx, tout éclairé, rayonne comme de l’or rose. Plus loin, d’autres pyramides se suivent, inégales, plus petites, ruinées ; puis apparaissent celles de Saqqarah, à degrés ; de Dashour, aux lignes tronquées ; enfin celle de Meïdoum, avec sa forme bizarre de tours carrées superposées. De chaque côté, le pays est une succession de toutes les cultures, entre-coupées de canaux et remplies de travailleurs. A midi, nous sommes à

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1882.