anticléricales, de déchaîner de nouveau la guerre aux croyances religieuses. Toutes les fois qu’il s’agit de supprimer un aumônier, de toucher aux indemnités d’un cardinal ou aux maîtrises des cathédrales, de réduire une modeste subvention destinée à entretenir de braves religieuses qui représentent la France en Orient, on peut être certain qu’il se trouvera une majorité pour accomplir ces œuvres méritoires. Ce n’est plus une politique, c’est une manie qui va jusqu’au ridicule, et dans cette campagne, le conseil municipal de Paris, on le pense bien, a l’ambition d’être toujours à l’avant-garde; il ouvre la voie à la chambre. Tout récemment encore, ce conseil plein de sollicitude, mais fort peu préoccupé de rester dans la limite de ses droits, ne protestait-il pas contre l’enseignement spiritualiste inscrit dans les programmes scolaires? C’était, à son dire, un attentat véritable, qui ne tendait à rien moins qu’à créer deux nations, — la nation du conseil municipal et l’autre, celle qui croit en Dieu ! Sans doute, le gouvernement résiste parfois et se défend des violences par trop ridicules; plus souvent encore il cède à des passions qu’il ne peut toujours contenir, qu’il a lui-même encouragées, et dont l’unique effet est de provoquer la révolte des consciences sincères en instituant sous le nom de république une domination de secte. Et, d’un autre côté, si la politique du jour est livrée à cet esprit de secte, elle n’est pas moins envahie par la médiocrité bruyante et stérile. Qu’on se tende un peu compte de tout ce qui a été proposé ou essayé depuis quelques années sous prétexte d’inaugurer l’ère des réformes républicaines. On a voulu toucher à tout, à l’armée, à l’administration, à la magistrature, aux finances, au concordat. Pour toutes ces questions légèrement et confusément soulevées il y a eu des propositions, des commissions parlementaires, des rapports, des projets, des discussions sans fin. A quoi est-on arrivé? Les commissions ont assez fréquemment travaillé pour rien. Rapports et discussions ont été sans résultat. On n’a rien fait, et la raison en est bien simple : c’est que, pour résoudre de si graves problèmes, les déclamations et les fantaisies de parti ne suffisent pas. Il faut une étude attentive, réfléchie, impartiale des intérêts de toute sorte qui se trouvent engagés dans un changement de législation. A ce prix seulement, on peut se flatter de réaliser des réformes sérieuses. Le reste n’est qu’une œuvre de médiocrité agitatrice, et après beaucoup de bruit inutile tout reste en suspens ou tout finit par des expédiens imaginés pour satisfaire des ressentimens de parti ou des ambitions personnelles.
Ce qu’il y a de plus étrange ou de plus caractéristique peut-être aujourd’hui, c’est que sous l’influence de cet esprit de parti et de secte qui règne, avec cette médiocrité qui nous envahit, on en vient par degrés à ne plus tenir compte des vérités les plus simples, des droits les plus élémentaires, des plus vieilles et des plus invariables garanties