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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mois de décembre a mieux fini qu’il n’avait commencé. La tournure satisfaisante qu’ont prise les débats parlementaires touchant la situation du budget et l’état général de nos finances a rendu quelque courage à la spéculation à la hausse, et le mouvement de dépréciation a été immédiatement arrêté. Une légère reprise s’est même produite sur les rentes françaises, ainsi que sur quelques valeurs, Crédit foncier, Chemins de fer, Suez. Le marché, dans l’ensemble, a conservé pendant toute la quinzaine une fermeté qui fait bien augurer des dispositions dans lesquelles va commencer l’année nouvelle. Avec les derniers jours de 1882, de cette année du krach qui n’aura été pour notre bourse qu’une longue et douloureuse liquidation des illusions et des folies de l’an 1881, va disparaître, il faut l’espérer, ce découragement qui a paralysé toutes les affaires et donné une prise trop facile aux agressions des baissiers.

Les fonds publics ont regagné quelques centimes depuis le 15 décembre. Le cours de 115 fr. sur le 5 pour 100 a été l’objet d’une lutte assez vive, à l’occasion de la réponse des primes.

La Banque de France à 5,300 francs offre aux acheteurs un revenu de 5 1/2 pour 100 environ. lia été détaché en effet cette semaine sur ce titre un dividende semestriel de 125 francs. Fin juin, les actionnaires avaient déjà reçu 165 francs, et le dividende total est ainsi de 290 francs. Les bénéfices des six derniers mois n’ont pas atteint un chiffre aussi élevé que ceux des six premiers mois, et rien ne prouve que les résultats du premier semestre de 1883 permettront de distribuer même 125 fr. aux actionnaires. Un placement en actions de la Banque de France, quelle que soit l’excellence de cette valeur, ne donne donc en réalité qu’un rendement très variable, et c’est pourquoi on capitalise en ce moment à un taux supérieur à 5 pour 100 un titre de premier ordre, dont le prix devrait atteindre très vite 6.000 francs et plus, si les actionnaires pouvaient compter en tout temps sur un dividende minimum de 250 francs. L’argent s’est resserré pendant cette quinzaine à Paris et à Londres, et il ne paraît pas impossible que le taux de l’escompte soit élevé prochainement au-delà du détroit. Cette perspective ne saurait nuire à la bonne tenue des actions de la Banque de France.