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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/244

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Le Crédit foncier a des partisans et des détracteurs également acharnés. Ceux-ci ont essayé, au moyen d’un article publié dans un des journaux les plus graves du matin, de persuader au public que notre grand établissement hypothécaire faisait courir les plus graves dangers au crédit de l’état et à la fortune publique en voulant emprunter, le mois prochain, 200 millions. Il est très exact que, depuis un an, le Crédit foncier a consenti des prêts pour une somme très élevée et que ses ressources provenant des émissions colossales de 1879 et de 1880 seront avant peu tout à fait épuisées. Il est également vrai que la multiplication des sociétés qui ont pour objet l’achat de terrains et la construction de maisons de luxe peut provoquer un jour une crise immobilière; mais le Crédit foncier peut répondre que son métier est de prêter sur hypothèque, que le devoir de ses administrateurs est d’imprimer l’impulsion la plus vigoureuse au développement des affaires sociales, et qu’il serait singulier qu’un établissement spécialement institué pour venir en aide à la propriété foncière refusât tout à coup son concours sous le prétexte qu’il ne doit pas encourager la spéculation sur les immeubles. Mais si le Crédit foncier veut continuer à prêter, ce qui est son droit, sa fonction et son devoir, il faut qu’il emprunte. Il est donc à peu près décidé que l’émission des obligations foncières aura lieu du 15 au 20 janvier prochain; il reste encore à constituer, avec plusieurs des établissemens financiers de Paris, le syndicat de garantie et à fixer le prix d’émission. Le cours de 350 francs par titre de 500 francs rapportant 15 francs et remboursables en soixante-quinze ans a été indiqué, mais il est assez probable que ce prix sera abaissé de quelques francs. L’action du Crédit foncier était tombée au-dessous de 1,300 francs au moment où parut l’article auquel nous faisons allusion plus haut. Elle s’est immédiatement relevée, effet qui peut-être n’était pas prévu, et des achats suivis l’ont portée à 1,340. Un acompte de 27 fr. 50 sur le dividende de l’exercice 1882 sera mis en paiement en janvier, et un avis officieux a fait savoir que le dividende total s’élèverait au minimum à 55 francs.

Sur les autres sociétés de crédit, les affaires ont été des plus restreintes. La Banque de Paris s’est relevée de 1,020 à 1,050, et c’est à peine si l’on peut signaler des variations de quelques francs sur la Banque d’escompte à 550, la Société générale à 585, le Crédit lyonnais à 555, la Banque franco-égyptienne à 610, la Banque des pays autrichiens à 540, le Comptoir d’escompte à 1,000, le Crédit industriel et la Société de dépôts à 700.

L’année 1882 aura été sévère pour tous les établissemens de crédit d’ordre inférieur qui vivaient d’émissions ou dont le portefeuille était rempli de valeurs démesurément majorées et tombées depuis à vil prix. Parmi ceux qui subsistent, et dont les actions ne peuvent se