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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars.

C’est un fait souvent observé que les séditions trop bruyamment annoncées d’avance finissent presque toujours assez misérablement, et ce qui vient de se passer en France en est un curieux exemple de plus. Pendant les premiers jours du mois qui finit, on avait certes bien prodigué les défis et les jactances, les déclamations et les programmes de promenades révolutionnaires aux Invalides, à l’Hôtel-de-Ville ou au Champ de Mars. Après s’être essayé par deux fois aux agitations de la rue, on avait pris définitivement rendez-vous pour une manifestation nouvelle fixée au 18 mars. Cette fois, c’était l’anniversaire de la naissance de la commune qu’on se proposait de célébrer ; c’était la réhabilitation publique de la guerre civile qu’on prétendait tenter en plein Paris, convié à la fête comme curieux ou comme complice. Tout semblait se préparer pour une crise qui pouvait ne pas manquer de gravité, et en attendant le succès que se promettent toujours les agitateurs, les excitations violentes propagées pendant quelques jours avaient eu du moins un premier effet : elles avaient provoqué une certaine émotion, une certaine anxiété, dans la province connue à Paris, et même décidé les chambres à ajourner les vacances de printemps qu’elles allaient prendre. La tension visible des choses avait aussi déterminé le gouvernement à se tenir en garde, à prendre les mesures de précaution nécessaires contre des rassemblemens tumultueux d’où peut toujours jaillir une étincelle. De tout cela qu’est-il résulté ? Le fantôme s’est brusquement évanoui. La journée du 18 mars s’est passée dans le plus grand calme, comme le plus modeste des dimanches. Paris s’est rempli d’une foule indifférente plus occupée visiblement de ses plaisirs que de la commune. Les manifestans eux-mêmes, se sentant sous le coup de la répression qui les attendait, sont restés chez eux. Ceux qui « vivent de l’émeute, » selon le mot récent de M. le