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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.

Les affaires de la France ont passé dans ces dernières années par bien des phases diverses, les unes aiguës et violentes, les autres à demi tempérées. Mettons, si l’on veut, que, depuis quelques semaines, elles sont entrées dans la phase d’une tranquillité relative, qu’elles sont moins tourmentées ; soit !

On n’en est plus pour l’instant, il est vrai, à ces fébriles agitations qui ont rempli les premiers mois de l’année, qui ont poussé les partis à des iniquités inutiles contre des princes paisibles, ni à ces inquiétudes suscitées, propagées par la menace incessante de manifestations tumultueuses. On n’en est plus même à se demander si le ministère qui existe n’est point par hasard en péril de mort prochaine, s’il ne va pas tomber demain, ou, au plus tard, après-demain. Le ministère vit encore de la force qu’il s’est donnée par une certaine fermeté d’attitude dans une crise déjà oubliée, où un soupçon de faiblesse aurait pu tout compromettre. Les chambres elles-mêmes, après leurs vacances d’avril, ont repris leurs travaux sans faire beaucoup de bruit. Elles ont eu déjà sans doute quelques discussions assez animées et suffisamment instructives ; elles auront avant peu plus d’une occasion de revenir à des questions périlleuses ou irritantes. Elles en sont dans l’intervalle à discuter sur les récidivistes, sur les enfans abandonnés. Dans ces premiers débats, en général, même dans ceux qui ont pu toucher à des intérêts sérieux, la passion n’est pas ce qui a dominé jusqu’ici. Il y a, nous en convenons, une certaine apparence de calme qui peut faire illusion. — Le mal intime et profond existe toujours cependant, il n’y a point à s’y méprendre, et il se traduit, sinon par des agitations extérieures, du moins par la confusion des esprits, par l’incohérence des projets, par la difficulté de revenir à une direction juste et éclairée des affaires du pays. Le mal existe, parce que les influences qui l’ont créé et développé sont toujours prépondérantes, parce que