Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/681

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vallée entre le Quirinal et le Viminal. Il lui arriva, comme si souvent, à Rome, de rencontrer de vastes latomies. Quand Pline l’ancien appelait Rome une ville suspendue, urbs pensilis, il ne faisait une allusion directe qu’au grand nombre des égouts ; mais peut-être soupçonnait-il en outre ces galeries souterraines qui parcourent le sol, soit pour le drainer, soit peut-être pour conserver par l’aération un tuf qui, sans cela, se détériore. Les Romains du moyen âge ont transformé en outre des portions de ce terrain en de vastes carrières d’où ils ont extrait, pour éviter des travaux pénibles et lointains, non-seulement la pouzzolane, mais la pierre même des anciens édifices. Il est regrettable qu’avant de jeter parmi les fondations du palazzo Hüffer la grande quantité de ciment devenue nécessaire, on n’ait pas pu faire une complète exploration de ces latomies : Il y avait là quelque lieu très antique de sépulture qui est de nouveau recouvert, probablement pour des siècles. Parmi les objets qu’on y a recueillis, il en est un qui compte désormais dans la science. C’est un petit vase de simple argile, sans aucun prix par lui-même, haut de 0m,04 ; il a sur ses flancs une inscription de cent vingt-nuit lettres qui est antérieure d’un siècle peut-être à la plus ancienne inscription connue, celle du tombeau des Scipions.

Le premier intérêt de l’épigraphie est de conduire à une plus complète intelligence de ces institutions et de ce droit de l’antique Rome dont nos sociétés modernes sont encore solidaires. Le développement du droit et l’histoire générale se confondent de telle sorte qu’on ne peut étudier avec fruit l’une sans l’autre. C’est ce qui rend si regrettable de voir l’étude du droit savant, particulièrement du droit historique, tenir si peu de place dans les préoccupations des élèves de nos facultés, et nos professeurs de lettres ou d’histoire y demeurer absolument étrangers. Le doctorat en droit parait être devenu un examen d’état. Nos revues spéciales n’ont pas la prospérité que devraient leur assurer le talent de leurs rédacteurs et l’intérêt très réel de leurs travaux. L’étranger reconnaît à nos écoles une constante prééminence pour l’enseignement du droit civil, par exemple ; mais pourquoi le même pays qui a donné Cujas et Domat réduit-il si étroitement de nos jours l’étude particulière du droit dans ses rapports avec l’histoire ? Pouvons-nous entendre Cicéron et Tite Live sans avoir nul commerce avec les anciens jurisconsultes ? Pouvons-nous saisir sûrement certains traits de l’administration impériale sans une connaissance familière du Code théodosien ? Que peut faire, sans notions du droit germanique et du droit canon, l’historien du moyen âge ?

L’Italie a conservé quelques habitudes d’un fort enseignement de l’histoire juridique. Elle n’a pas perdu toutes les traditions de