Un savant d’une grande valeur, capable à la fois d’analyser et de conclure, qui, ainsi que le prouve un ouvrage considérable sur la divination dans l’antiquité, unit à la patience de l’érudit le mouvement et la force de la pensée, donne au public une traduction de l’Histoire grecque de M. Ernest Curtius. Comment se défendre tout d’abord d’un regret ? Pourquoi M. Bouché-Leclercq s’est-il borné au rôle de traducteur ? À quoi bon cette réunion de rares facultés si elle ne sert pas à la production d’une œuvre originale qui fasse honneur à l’auteur et à son pays ? Et il s’agit précisément du plus beau sujet que puissent lui offrir les études qui l’occupent. Il est vrai qu’il ajoute quelque chose au travail de l’historien allemand : quelques complémens ou corrections aux notes, des sommaires et une distribution plus commode pour la lecture, deux appendices d’un caractère technique qu’on retrouvera sans doute dans un atlas fort utile qui nous est promis pour une date prochaine, et d’abord une introduction où est apprécié l’ouvrage traduit. Mais cette introduction est courte, et il est évident que M. Bouché-Leclercq a réduit volontairement sa tâche à celle d’un interprète intelligent et attentif, qui contrôle en traduisant et rectifie ou complète discrètement à l’occasion.
Est-ce donc que l’Histoire grecque de M. Curtius soit une œuvre