anciennement exploitées ; qu’elles avaient été des lieux, de sépulture où païens et chrétiens reposaient dans une indiscernable promiscuité ; que dans les premiers siècles de l’église, les chambres qui y sont creusées avaient été des lieux destinés à la réunion des chrétiens et à la célébration de leur culte, ou l’ordinaire retraite des fidèles, et, que toutes les tombes et sarcophages qui s’y trouvent avaient contenu des martyrs. Ce sont là des préjugés auxquels ceux qui savent ont renoncé. Les catacombes de Rome sont l’œuvre exclusive de plusieurs générations de chrétiens, ce sont des lieux de sépulture creusés par les chrétiens pour leurs seuls frères. En dépit de quelques marbres qui portent les signes païens D. M. on D. M. S., on peut affirmer que nul païen n’y a trouvé place. Il suffit, d’autre part, de la plus légère inspection pour se convaincre que les catacombes de Rome n’ont jamais été des sablonnières utilisées après coup. Les cryptes ou chambres funéraires où les corridors débouchent ou d’où ils partent furent trop étroites à l’origine pour qu’il soit possible de supposer qu’elles servirent primitivement de chapelles ou de lieux d’assemblée ; d’autre part, les conditions d’obscurité, d’insuffisance d’air respirable, ou d’insalubrité au milieu de corps en décomposition, mal clos dans un tuf poreux, devaient rendre ces lieux inhabitables aux vivans. Ce n’est qu’exceptionnellement, et aux plus mauvais, jours de la persécution, que quelques chrétiens poursuivis, traqués, ont pu y chercher momentanément un refuge. Enfin, s’il y eut çà et là des restes de martyrs dans ces souterrains, comme cela n’est pas douteux, leur nombre est infime comparé à la population de fidèles de tout âge qui s’y sont endormis avec l’espoir du réveil, dans la paix des contemporains et dans la paix du Christ. Des livres des savans, ces notions, très certaines, ont passé dans l’esprit des personnes instruites et curieuses qui ne veulent pas rester étrangères à la connaissance de cette nouvelle antiquité chrétienne, qui a désormais sa place à côté de l’antiquité classique.
Après de longs siècles d’ignorance, d’oubli et d’indifférence, Antoine Bosio, le premier, avait pensé que les catacombes de Rome étaient matière d’archéologie et qu’on en pouvait tirer de précieuses lumières pour la connaissance de la primitive église. Le premier, avec un zèle passionné que n’arrêta pas le risque une fois couru de s’y perdre, il s’engagea dans ces obscurs labyrinthes et commença l’exploration méthodique de ces ruines vénérables, plus entamées jadis par la barbarie des hommes que par la main du temps. Il commença la description des lieux, copia des peintures, recueillit de nombreuses épitaphes, laissant parfois son nom sur les murs des cryptes à l’imitation des anciens pèlerins. Le résultat écrit de ses