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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/92

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L’INSURRECTION MILITAIRE
EN ÉGYPTE

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II.[1]
LA DÉFAITE ET LE PROCÈS D’ARABI.

L’insurrection militaire égyptienne a d’abord été une simple émotion de caserne, puis elle est devenue une révolte, enfin elle a dégénéré en révolution. J’ai décrit ces diverses phases aussi fidèlement qu’il m’a été possible de le faire, et je croîs avoir montré que les chefs de ce mouvement prétendu national n’ont Jamais obéi qu’à des passions ou des intérêts personnels. Une simple compétition pour les grades leur a mis les armes à la main ; la crainte d’un châtiment mérité les a empêchés de les déposer ; enfin l’ivresse du succès les a lancés dans le crime. Patriotes, ils ne l’ont jamais été, et l’Europe s’est méprise absolument à cet égard. Ont-ils du moins été héroïques ? Se sont-ils montrés braves après s’être montrés audacieux ? Arrivés au comble de la puissance sans avoir rencontré un seul obstacle, ont-ils lutté avec quelque énergie contre celui qui s’est enfin dressé devant eux ? Ont-ils justifié les prévisions de ceux qui voyaient en Arabi un Juarez ou un Garibaldi ? C’est ce qui me reste à examiner. Pour le faire complètement, je devrais raconter la campagne anglaise en Égypte ; mais ce sujet serait trop

  1. Voyez la Revue du 15 août.