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bien que la mer demeure toujours houleuse, on peut déjà établir toute la voilure. A partir de ce moment jusqu’au 17 juin, on n’a plus que du beau temps et de jolies brises de sud-ouest; c’est à peine si l’approche de Ceylan amène quelques nuages au ciel, nuages qui se résolvent bientôt en pluie.

Le commencement et la fin des deux moussons sont sujets à de grandes variations et souvent même à de violentes bourrasques. On ne tient pas suffisamment compte de ces périodes indécises quand on se borne à dire que la mousson souffle six mois d’un côté et six mois de l’autre. En réalité, il faut retrancher de chaque mousson un mois au début, un autre mois lorsque la mousson va finir. En mai, la mousson d’été commence à peine; elle ne sera franchement établie que dans les premiers jours de juin, un peu plus tôt, un peu plus tard, suivant l’époque de la pleine ou de la nouvelle lune. Durant les mois de juin et de juillet, le temps est si mauvais que les barques arabes, — les boutres, comme on les appelle, — ne s’aventurent guère en dehors du détroit. Au mois d’août, la mousson devient plus modérée; en septembre, et même jusqu’au milieu d’octobre, on a souvent beau temps pendant plusieurs jours de suite. Voilà bien la période que devaient rechercher les navires des anciens.

« Les anciens, dit Pline, ne connaissaient que quatre aires de vent; Homère n’en mentionne pas davantage. À ces quatre vents correspondant aux quatre points cardinaux l’âge suivant ajouta huit rhumbs secondaires; puis on réduisit de nouveau ces huit rhumbs à quatre. Il resta ainsi huit directions distinctes : le subsolanus, — en grec apheliotes ; — le vulturne, que les Grecs nomment euros ; — l’auster, l’africus, connu en Grèce sous l’appellation de notos et de libos; le favonius, qui est le zéphiros des Grecs; le corus, correspondant à l’argestes hellénique; le septentrion, où vous reconnaîtrez l’aparticus ; l’aquilon, qui représente le boreas. » Prenez notre rose des vents, la nomenclature de Pline se transformera ainsi : est, sud-est, sud, sud-ouest, ouest, nord-ouest, nord, nord-est. Les quatre rhumbs supprimés étaient : le nord-nord-ouest, le thrascias; l’est-nord-est, le cæcias; le sud-sud-est, le phœnicias; le sud-sud-ouest, le libonotus, À ces quatre vents, des pilotes plus méticuleux avaient ajouté le nord-nord-est, le meses, et l’est-sud-est, l’euronotus. La rose des vents, cette fois, était presque complète; il n’y manquait que l’ouest-sud-ouest et l’ouest-nord-ouest. Trois siècles environ après Pline, Végèce nous donne une liste légèrement différente : le vent d’est reste toujours l’aphéliotes, le cæcias est devenu le nord-est, l’eurus et le vulturne n’ont pas cessé de correspondre au sud-est, l’auster et le notus ont la même direction : le sud ; le libonotus est le sud-sud-ouest ; le leuconotus, le sud-sud-est;