Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

générale. Tel est le point qui se dégage clairement des lois que nous venons de rappeler, en même temps qu’elles attestent les emprunts qui ont été faits de toutes parts à l’organisation du barreau français. Dans une occasion récente, le barreau belge a fait appel aux différens barreaux d’Europe et les a conviés à inaugurer avec lui le nouveau palais de justice de Bruxelles. En leur souhaitant la bienvenue, M. Vervoort a parlé en termes éloquens de la solidarité morale qui existe entre les barreaux de tous les pays, dont le concours à l’œuvre de la justice est partout le même et repose sur les mêmes principes de dévoûment et d’indépendance. Mais à qui revenait de répondre pour tous à ces paroles de courtoisie et de haute confraternité? C’est au représentant du barreau de Paris, M. le bâtonnier Oscar Falateuf, qu’une voix unanime déférait cet honneur. En cette circonstance, les avocats étrangers n’ont-ils pas regardé la France comme l’un des états qui personnifient au plus éminent degré la liberté de la défense, et n’ont-ils pas voulu rendre hommage à ces traditions dont se sont inspirées les réformes que nous avons indiquées? Déjà, à la cinquantaine de Berryer, célébrée à Londres par le barreau anglais, l’attorney general avait dit : « Nous avons saisi cette occasion de montrer que nous avons le sentiment de la confraternité qui doit exister entre le barreau d’Angleterre et le barreau de France, et, j’ose le dire, le barreau de tout le monde civilisé. » La réunion à Bruxelles des avocats des diverses capitales de l’Europe a donné à l’idée d’un barreau international sa première consécration, et nous serions surpris si elle n’avait pas pour résultat de hâter en toute contrée l’affermissement des droits de la défense.

Quels sont donc les reproches qui se sont formulés, dans ces derniers temps, contre l’organisation du barreau en France? C’est, a-t-on dit, une sorte de corporation fermée dont l’accès est interdit au plus grand nombre; elle constitue un monopole, ses droits sont des privilèges; et elle en abuse impunément, car l’avocat échappe aux pénalités et aux recours que le droit commun tient en réserve contre ceux qui mésusent de la parole et se permettent d’injustes attaques. Telle est bien l’accusation qu’il importe de vérifier. Elle serait grave si elle était fondée, car elle signalerait un véritable péril là où l’on est en droit d’attendre du barreau secours et protection.


III.

Peut-être faudrait-il d’abord se demander de quel côté vient ce reproche fait à l’institution elle-même. Que le barreau se renferme