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III. — LES EMPRUNTS.

La dette publique, à la mort de Colbert, se trouvait réduite à 8 millions de rentes : les opérations peu heureuses et mal conçues de Lepeletier, pour la liquidation de la caisse des emprunts et quelques emprunts nouveaux, avaient augmenté le capital de 84 millions 1/2 et les arrérages annuels de 7,400,000 livres. Même après cet accroissement, la dette ne présentait rien d’excessif, et il était naturel qu’en présence des besoins urgens auxquels il fallut pourvoir, quand la guerre recommença, on eût recours à des émissions de rentes.

De 1689 à 1693, on put commencer par emprunter au denier 18 (5.55 pour 100) une somme de 88 millions ; mais bientôt la confiance diminua : il fallut, de 1694 à 1697, emprunter au denier 14 (7.15 pour 100) 109 millions, et même, pour une somme de 12 millions élever, l’intérêt au denier 12 (8.33 pour 100). Le capital de la dette fut accru de 209 millions et les arrérages annuels de 13,700 liv. : la dette fut presque doublée.

Mais après la paix de Ryswick, le prompt rétablissement de la confiance et du crédit permit de diminuer les charges de la dette ; 126 millions purent être empruntés au denier 18 (décembre 1697 et janvier 1698) et furent aussitôt employés à rembourser les 121 millions 1/2 empruntés au denier 14 et au denier 12 : le capital de la dette fut accru de 4 millions 1/2, qui servirent à rembourser les finances de plusieurs offices et de quelques augmentations de gages qu’il fallait supprimer.

La facilité avec laquelle on put placer ces rentes au denier 18 fit naître aussitôt la pensée de les rembourser immédiatement en empruntant cette fois au denier 20 et de comprendre dans ce remboursement toutes les rentes émises au denier 18, de 1683 à 1693 pour un capital de 163 millions : c’étaient, en tout, 299 millions à rembourser. On réussit à placer (en 1698 et 1699), 18 millions de rentes au denier 20 pour un capital de 360 millions, qui après le remboursement, qui était l’objet principal de l’opération, laissa disponibles 61 millions pour rembourser des offices et des aliénations de droits qu’on n’avait pu négocier qu’au denier 14 (7.15 pour 100) et même au denier 10 (10 pour 100). Cette transformation était bien conçue et avantageuse au trésor : la rapidité avec laquelle elle put s’exécuter sans embarras montre que le crédit public était déjà développé et comportait des opérations importantes.

Malheureusement, les événemens ne permirent pas de le ménager. On put encore, en 1700, emprunter, au denier 20, 17 millions, afin de pourvoir aux préparatifs de la guerre ; mais quand les hostilités eurent commencé, en 1701, le crédit se resserra, et il ne fut plus