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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/97

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L’ALEXANDRINISME

Un personnage du romancier Achille Tatius, au IIIe siècle après Jésus-Christ, entre dans Alexandrie du côté de la mer, par la porte du Soleil, et il est ébloui. « Ses yeux, dit-il dans son langage de rhéteur, sont vaincus par un pareil spectacle. » Telle devait être déjà l’impression des visiteurs peu de temps après la fondation de la ville ancienne, dont la ville moderne, paraît-il, ne peut donner nullement l’idée. S’ils arrivaient par mer, le quai du Grand-Port, aujourd’hui en partie rongé par les flots, leur offrait dès l’abord une suite magnifique de monumens, couverts de terrasses et entourés de jardins, que les Ptolémées avaient élevés à grands frais, puis le théâtre, puis de vastes chantiers et magasins de dépôt. Derrière cette brillante façade de constructions royales, la ville d’Alexandrie se développait régulièrement, traversée par deux rues principales, ornées de colonnades, qui se coupaient à angle droit et déterminaient la direction des autres rues, toutes parallèles. Pour ne pas rester indigne de cet ensemble, la ville primitive, Rhakotis, étagée sur une rangée de collines, s’était en partie transformée. C’est là que se dressait le Sérapéum, auquel on montait par un escalier de cent marches, et dont les colonnades et les statues faisaient l’admiration d’Ammien Marcellin.

Par ces magnificences, les Ptolémées prétendaient imposer à la Grèce sa nouvelle capitale. La pensée du fondateur d’Alexandrie avait été plus ambitieuse encore. Ce n’était pas seulement la capitale