Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/558

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARGUERITE DE VALOIS

I.
SA JEUNESSE ET SON MARIAGE


I

Aux jours de son printemps, quelle est la femme qui n’a pas ressenti un besoin impérieux d’aimer ? Le premier homme sur lequel ses regards de jeune fille se sont arrêtés laissera toujours dans son cœur une image adorée. L’âge et les déceptions auraient-ils blanchi ses cheveux, elle y reviendra plus d’une fois par la pensée : c’est que, dans ce souvenir, elle respirera le parfum de sa jeunesse, c’est qu’elle ressaisira, ne fût-ce que pour une heure, l’idéal de ses illusions évanouies ; et ce sera l’unique bonheur de ses dernières années ici-bas.

Celui qu’une femme n’oublie jamais, pour Marguerite de Valois, ce fut Henri de Guise, le grand Henri de Guise le Balafré. Tallemant des Réaux nous dit bien qu’elle portait dans la vaste poche de son vertugadin le cœur embaumé de l’un de ses amans ; ce n’est pas là de l’amour, mais une de ces superstitions dont l’époque était coutumière ; et nous ne lui connaissons d’attachement sérieux que celui qu’elle eut pour le duc de Guise. Nous en appellerons au témoignage le moins suspect, à celui de Dupleix, resté si longtemps à ses gages, et qui, cependant, dans son Histoire de Henri IV, ne l’épargne guère :