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SOUVENIRS DIPLOMATIQUES

LA FRANCE ET L’ITALIE

II.[1]
L’ITALIE PENDANT LA GUERRE.


VIII

A Florence, on n’était pas moins perplexe. Le gouvernement impérial, en effet, ne s’expliquait pas. A la date du 13 juillet, il n’avait fait encore au gouvernement italien aucune ouverture sérieuse au sujet de d’incident espagnol. M. de Gramont n’était pas pressé ; il ne se souciait pas de se lier les mains prématurément. Certain de la victoire, il persistait à croire qu’après les premières défaites de la Prusse, les alliances s’offriraient à lui d’elles-mêmes, qu’il n’aurait que l’embarras du choix, et qu’il resterait maître des conditions de la paix. Il connaissait l’ambition de l’Italie : il estimait que Rome, pour son alliance, était un prix trop élevé.

Le 15 juillet, les réserves étaient appelées sous les drapeaux ; les ministres cédaient aux excitations de la presse, aux passions de la chambre, sans avoir conscience de l’effroyable responsabilité qu’ils assumaient. Ils engageaient la lutte sans alliés, sans se préoccuper des sentimens et des intérêts de l’Europe, sans avoir pressenti les

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.