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l’Allemagne. Dans la Pologne russe et dans la Pologne autrichienne, la langue allemande fait moins de progrès que parmi les Polonais prussiens, dont le gouvernement poursuit la germanisation d’une manière systématique.

Naturellement les progrès de la germanisation sont plus rapides dans les enclaves polonaises entourées d’Allemands. C’est ce que nous constatons pour la Pomérélie, l’ancien pays kaszoube, entre la Persante, la Nelze, la Vistule et la mer. Les chevaliers teutoniques, qui ont dominé dans la contrée, y ont de bonne heure introduit l’influence allemande. D’un recensement à l’autre, la proportion, sinon le nombre total des habitans parlant polonais, diminue sensiblement, malgré l’origine slave de la masse, car les Allemands d’origine apprennent peu le polonais, tandis que tous les sujets d’origine polonaise sont tenus d’apprendre l’allemand. Sur un total de 1,500,000 habitans, un cinquième à peine figure sur les feuilles de recensement des sujets polonais de la Pomérélie, qui embrasse une partie de la province de Prusse occidentale et de la Poméranie. Dans le pays de Culm, situé un peu plus au sud, sur la rive droite de la Vistule, la domination alternative des Allemands et des Polonais a eu pour effet de mélanger les élémens polonais et allemands plus que n’importe ailleurs. A la campagne, comme dans les villes, les habitans d’origine polonaise et d’origine allemande vivent côte à côte. En regard de 442 localités où la langue allemande prédomine, il y en a, dans le pays de Culm, 809 où l’idiome polonais sert au plus grand nombre d’habitans. Le territoire des deux rives de la Netze a été acquis par la Prusse, lors du premier partage de la Pologne. Les colonies allemandes se sont échelonnées dans les basses terres marécageuses le long des rivières et les ont mises en culture. Bromberg est au centre de ces colonies une ville essentiellement allemande, située sur le canal du même nom, creusé il y a un siècle pour réunir par une voie navigable les eaux de la Vistule à celle de l’Oder, entre la Netze et la Bruhe. En quittant les rives de la Netze pour aller vers le sud, la proportion des localités en majorité polonaises augmente. Sauf le cercle de Fraustadt, colonisé par les Allemands sous la domination silésienne, le territoire polonais au-sud de la Netze n’appartient à la Prusse que depuis les derniers partages de 1815. Aussi la proportion de l’élément allemand, par rapport à l’élément polonais, diminue dans l’intérieur de la Grande-Pologne d’autrefois, ainsi que dans la Silésie supérieure. Un moment, en 1848, il a été question de séparer de la Posnanie les cercles fortement mélangés de Fraustadt, de Birnbaum, de Meseritz, de Bomst, ainsi que le district de la Netze, pour les rattacher aux provinces allemandes de la Prusse et donner une constitution particulière aux districts essentiellement polonais. Ce projet ne