Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/808

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ETUDES SUR LE XVIIIe SIECLE

III.[1]
ANTOINE-FRANÇOIS PREVOST

La réputation de l’auteur de Gil Blas, fixée de son vivant même, s’est maintenue depuis cent cinquante ans, et presque sans éclipse, au même degré d’éclat ; celle de Marivaux, très contestée tant qu’il vécut, ne s’est guère affermie que de nos jours, à mesure qu’une critique plus subtile discernait dans Marianne ou dans le Paysan parvenu les commencemens de bien des choses qui ne se sont en effet développées que de nos jours ; et la réputation enfin de Prévost, après avoir eu son temps passé celle de Marivaux et balancé celle même de Le Sage, a tellement décru que l’on peut se demander si, sans Manon Lescaut, il surnagerait dans l’histoire quelque chose de plus qu’un nom, ou le nom seulement du célèbre abbé. Nous avons essayé de montrer que, si Gil Blas, à de certains égards, était assurément un chef-d’œuvre, quelques qualités cependant y manquaient encore, qui, depuis, sont devenues essentielles au

  1. Voyez la Revue du 15 mai et du 15 décembre 1883.