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statistique relève 5,039 écoles et maisons d’éducation, 7,211 professeurs et instituteurs, 245,225 élèves, ce qui donne une moyenne d’un élève par moins de six habitans. Les institutions se classent en cinq grandes divisions : écoles supérieures ou universités (elles sont au nombre de trois) ; écoles secondaires, collèges ou académies ; écoles normales, écoles spéciales, écoles primaires.

Quant aux universités, collèges classiques et couvens, ils ne sont point régis par les lois scolaires ; ce sont des institutions indépendantes qui reçoivent une subvention de l’état, à condition d’envoyer chaque année un rapport au surintendant. D’après la loi de 1875, ce dernier doit se conformer aux avis du conseil supérieur dont il a la présidence et qui se compose de deux comités : dans la section catholique romaine figurent les huit évêques ou administrateurs des diocèses spirituels avec un nombre égal de personnes nommées par le lieutenant-gouverneur ; la section protestante renferme autant de membres qu’il y a d’évêques dans l’autre et elle a le droit de s’adjoindre cinq associés. Il y a appel à ces deux comités de toute décision prise par le surintendant. Celui-ci n’a pas seulement le conseil supérieur pour le contrôler, et, pour l’assister, des inspecteurs, des bureaux d’examinateurs, des visiteurs d’écoles, il se trouve aussi en présence d’une institution fort originale, les commissaires d’écoles ou syndics, élus chaque année au nombre de cinq par une assemblée générale de tous les propriétaires et revêtus d’attributions importantes. Ces représentans du peuple forment une véritable corporation, et, à ce titre, peuvent acquérir, posséder, louer tous biens destinés à l’éducation, choisir des emplacemens, faire bâtir, exproprier, imposer des cotisations scolaires. Ils nomment des instituteurs munis d’un brevet, règlent les études, le temps des examens, tranchent toute contestation entre les instituteurs et les parens. Il y a appel de leurs décisions au surintendant, mais il faut pour cela l’avis conforme de trois visiteurs d’écoles, et ceux-ci sont les membres résidens du clergé, les juges de paix, les députés et sénateurs, le maire, les officiers supérieurs de la milice, etc. Lorsque, dans une municipalité scolaire, il existe un certain nombre de familles qui professent une religion différente de la majorité, celles-ci ont le droit d’avoir pour leurs enfans des écoles séparées sous le contrôle de trois syndics choisis par elles. Ainsi tout est prévu pour assurer le respect des croyances, l’indépendance du citoyen, son intervention active et constante dans l’enseignement. Les circulaires du surintendant actuel, M. Ouimet, définissent en bons termes l’esprit des lois scolaires de la province de Québec : « Dans notre système d’instruction primaire, nous enseignons d’abord aux enfans le catéchisme des vérités religieuses, afin de leur apprendre à servir Dieu, puis les manuels d’agriculture et de dessin, pour les mettre en état